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L'Autriche annule des concerts «politiques» de musique turque en pleine crise UE-Turquie

Deux concerts de musique turque ont été annulés en Autriche, à Innsbruck et à Henndorf. Les autorités autrichiennes ont pointé du doigt le caractère «politique» de ces événements, liés selon eux au référendum du 16 avril en Turquie.

Après l'interdiction de meetings politiques pro-Erdogan en Europe, les événements culturels sont désormais dans le viseur des autorités. 

A Innsbruck, dans le Tyrol, la salle de concert Olympic Hall a annoncé le 16 mars l'annulation d'un concert de musique turque qui devait avoir lieu le 18 mars. Les responsables de l'Olympic Hall ont justifié cette décision par le caractère «politique» de l'événement, en expliquant détenir de nouvelles «informations sur l'organisation de ce concert et les artistes programmés Osman Oztunc et Gokhan Tekin».

Le gouverneur du land du Tyrol (ouest), Günther Platte, est lui aussi monté au créneau, affirmant que les musiciens appartenaient «clairement au milieu turc nationaliste et d'extrême droite et [étaient] proches des Loups gris».

Günther Platte a par ailleurs ajouté qu'il n'autoriserait pas «l'importation au Tyrol de la campagne référendaire clivante de la Turquie». 

Les Loups gris, mouvement nationaliste islamiste turc fondé au début des années 1970 sont connus pour leurs proximités avec un parti nationaliste turc, le MHP. Ce dernier soutient la réforme constitutionnelle proposée par le gouvernement turc et soumise à référendum le 16 avril prochain. Les Loups gris sont considérés par Vienne comme une organisation extrémiste.

Outre Innsbruck, la ville de Henndorf, située dans le land de Salzbourg, a également annulé la location d'une salle de concert, la Wallersee Hall, où devait se jouer un autre concert de musiciens turcs. Cet événement était organisé par l'Avusturya Türk Federasyon, une association soupçonnée de servir de vitrine aux Loups gris.

La Turquie et l'Union européenne traversent une crise diplomatique après les refus exprimés par certains pays européens d'autoriser des responsables turcs à participer à des meetings pro-Erdogan aux côtés de la diaspora turque en Europe. 

En pleine campagne référendaire, le gouvernement turc accorde en effet une importance particulière au vote des millions de Turcs établis en Europe. L'Autriche abrite par exemple une population d'origine turque estimée à 360 000 personnes et parmi lesquels on compte 117 000 citoyens turcs.

Après Berlin et La Haye, Vienne sera-t-elle à son tour qualifiée de «nazie» ou de «fasciste» par le président turc Recep Tayyip Erdogan ? Pour rappel, le chancelier autrichien Christian Kern avait appelé dès le 5 mars à «une réponse collective de l'UE pour empêcher de tels événements de campagne».

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