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«Crime de guerre» ? Washington reconnaît une frappe meurtrière sur une mosquée syrienne

Les Etats-Unis ont reconnu avoir effectué une frappe dans le nord de la Syrie contre Al-Qaïda, mais nient avoir délibérément visé la mosquée. Selon différentes sources, au moins 50 personnes y auraient été tuées.

«C'est un crime contre l'humanité, c'est un crime de guerre», a déclaré le vice-Premier ministre turc Numan Kurtulmus en réaction à une frappe aérienne américaine en Syrie le 16 mars, qui aurait fait une cinquantaine de morts, en majorité des civils, selon des témoins.

Le Centcom, commandement des forces américaines au Moyen-Orient, a de son côté annoncé avoir effectué une frappe aérienne sur un rassemblement d'Al-Qaïda dans le village d'al-Jineh, à 30 kilomètres à l'ouest d'Alep, tuant «plusieurs terroristes».

Le Pentagone a, dans la foulée, révélé une photo montrant le bâtiment pris pour cible, assurant qu'il ne s'agissait pas d'un édifice religieux, ce que contestent les riverains.

La Russie réclame des explications

Alors que des photos montrant un fragment présumé d'un missile américain, dans les ruines de la mosquée, ont émergé sur la toile, Igor Konashenkov, un porte-parole du ministère russe de la Défense a déclaré : «Cela ne laisse pas la possibilité à la coalition menée par les Etats-Unis de rester silencieux, comme à leur habitude, et aux diplomates de verser dans la rhétorique anti-russe.»

«Je pense que nous devrions attendre des commentaires de la part des partenaires américains», a-t-il ajouté.

Alors que plusieurs médias avaient, dans un premier temps, accusé Moscou d'être derrière la frappe, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a déclaré : «Nous n'avons aucun doute que les forces américaines visaient les terroristes. Contrairement à certains de nos adversaires, nous n'allons pas les accuser d'avoir tué "intentionnellement" des civils.»

Le colonel John J. Thomas, porte-parole du Centcom a promis qu'une enquête serait ouverte sur «les allégations selon lesquelles cette frappe aurait fait des victimes civiles».

Sur des photos diffusées par l’AFP, on voit la mosquée entièrement détruite et des voitures à proximité carbonisées. On retrouve l'un des véhicules dans une vidéo publiée sur internet.

La coalition internationale sous commandement américain mène des frappes aériennes contre des groupes djihadistes en Syrie et en Irak depuis 2014, qui ont provoqué la mort de centaines de civils. Le 16 mars, le gouvernement syrien l’a appelée à cesser les bombardements aériens sur les barrages de l’Euphrate car leur destruction menacerait villes et villages et finalement la vie de centaines de milliers de civils.

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