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La Hongrie réintroduit la détention systématique des migrants

Tous les migrants qui entrent sur le territoire hongrois seront désormais systématiquement mis en détention, en attente du traitement de leur demande d'asile. Cette mesure avait déjà été pratiquée dans le pays mais avait été supprimée en 2013.

Le Parlement hongrois a adopté à une large majorité, le 7 mars, la réintroduction de la mise en détention systématique de tous les migrants. Cette mesure avait été supprimée en 2013 sous pression de l'UE et du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR).

Cette nouvelle loi, adoptée par 138 voix contre 6 et 22 abstentions, prévoit que les migrants seront placés dans des «zones de transit» aux frontières serbe et croate, où il seront détenus en attendant la décision définitive concernant leur demande d'asile.

Cette mesure s'appliquera tant aux nouveaux venus qu'aux demandeurs d'asile déjà hébergés dans le pays, au nombre de 586 en février. Il y a un mois, Janos Lazar, le directeur de cabinet du Premier ministre Viktor Orban, avait précisé que les migrants seraient logés dans des conteneurs aménagés à cet effet.

Ferme condamnation de l'ONU

Lors d'un point de presse, une porte-parole du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) a déclaré que son agence était «profondément inquiète» de l'introduction de cette norme légale.

«Cette loi viole les obligations de la Hongrie vis-à-vis des lois internationales et de l'Union européenne et va avoir un impact physique et psychologique terrible sur des femmes, des enfants et des hommes qui ont déjà beaucoup souffert», a souligné la porte-parole du HCR, Cécile Pouilly, ajoutant : «Les enfants ne doivent jamais être détenus, sous aucune condition.»

La Hongrie avait renoncé en 2013 à la détention systématique des migrants, sous pression de l'UE, du HCR et de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).

Victor Orban, Premier ministre souverainiste, coutumier des provocations envers ses partenaires européens, avait reconnu en janvier que la réintroduction d'une telle mesure, contraire au droit européen, s'inscrirait «ouvertement contre l'UE».

En 2016, 29 432 migrants avaient déposé une demande d'asile en Hongrie, avant de poursuivre, dans leur très grande majorité, leur route vers l'ouest de l'Europe. Seuls 425 ont obtenu l'asile.

La Hongrie, qui a entrepris d'ajouter un deuxième rideau de barbelés à la clôture anti-migrants qu'elle avait érigée en 2015 à sa frontière serbe, a vu 345 migrants arriver depuis le 1er janvier 2017, selon le ministère de l'Intérieur.