Sur ces deux facettes de sa politique migratoire, la Commission s'est voulue ferme, alors que l'Union doit faire face aux arrivées incessantes sur les côtes italiennes et à la fragilité du partenariat noué avec la Turquie pour mettre fin aux traversées massives en mer Egée.
«Il en va de notre devoir de pouvoir affirmer clairement, aux migrants, à nos partenaires dans les pays tiers et à nos concitoyens, que si des personnes ont besoin d'aide nous les aiderons, sinon elles doivent rentrer», a insisté le 2 mars le vice-président de la Commission, Frans Timmermans.
Le commissaire européen chargé des migrations, Dimitris Avramopoulos, a prévenu devant la presse qu'on n'hésiterait pas à lancer des procédures d'infraction contre les pays refusant d'accueillir des demandeurs d'asile depuis l'Italie et la Grèce.
Quelque 13 500 demandeurs d'asile ont pour l'heure été relocalisés depuis la Grèce et l'Italie, alors que les pays européens s'étaient engagés en septembre 2015 à en accueillir jusqu'à 160 000 en deux ans.
Ce plan, réservé aux migrants quasiment certains d'obtenir un statut de réfugiés, visait à la fois à montrer la solidarité de l'UE avec ceux qui fuient la guerre et à soulager l'immense pression sur Athènes et Rome.
Mais la Hongrie, l'Autriche et la Pologne «refusent toujours de participer au programme», tandis que d'autres, la République tchèque, la Bulgarie, la Croatie et la Slovaquie, «n'y prennent part que dans une mesure très limitée», a déploré la Commission.
De fait, les objectifs du plan, contesté en justice par la Hongrie et la Slovaquie, ont été considérablement réduits : 54 000 places sur 160 000 ont été rendues disponibles pour des réinstallations de Syriens depuis la Turquie, dans le cadre du pacte migratoire scellé en mars 2016 avec Ankara.
Et ce même accord a considérablement fait chuter les arrivées en Grèce, avec des «traversées quotidiennes entre la Turquie et les îles grecques qui sont passées de 10 000 personnes par jour en octobre 2015 à 43 par jour aujourd'hui», selon la Commission.
Le nombre de personnes éligibles à une relocalisation se trouvant en Grèce est désormais estimé à environ 20 000 par la Commission, contre plus de 5 000 en Italie, où la plupart des arrivants sont considérés comme des migrants économiques à renvoyer.
«Il n'y a plus d'excuses pour les Etats membres», a insisté Dimitris Avramopoulos.
«Rétention»
Bruxelles a aussi présenté un «plan d'action» pour renvoyer de manière plus systématique les migrants irréguliers.
Plus de 530 000 ont fait l'objet d'une décision de renvoi en 2015 par les pays de l'UE, mais seulement 36,4% de ces décisions ont été appliquées, déplore la Commission.
Elle souligne que les Etats membres pourraient «avoir plus d'un million de personnes à renvoyer» parmi les migrants arrivés ces deux dernières années et dont les demandes d'asile ont été ou vont être rejetées.
La Commission, qui a proposé de mettre à disposition 200 millions d'euros en 2017, demande notamment aux Etats membres de raccourcir «les délais de recours» contre les décisions de retours, qui ne doivent plus «comporter de date d'expiration».
Elle a pressé tous les Etats membres de placer «en rétention les personnes auxquelles une décision de retour avait été signifiée», dès lors qu'il y avait un «risque de fuite», et à autoriser des durées de rétention d'au moins six mois.
«Les centres de rétention ne doivent pas être considérés comme quelque chose ressemblant à des camps de concentration, ce qui serait très éloigné de nos principes», s'est défendu Dimitris Avramopoulos.
«Les négociations d'accords de réadmission avec des pays tiers doivent être accélérées», a également demandé l'exécutif européen, appelant à des pourparlers avec le Nigeria, la Tunisie et la Jordanie, le Maroc et l'Algérie.
Interrogé sur la possibilité d'installer des camps de migrants en Afrique, où l'UE ferait le tri entre réfugiés et migrants économiques, Dimitris Avramopoulos a assuré qu'«on n'en était pas encore arrivé à ce stade».