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Premières négociations entre l’état-major russe et l’OTAN depuis 2014

Le ministère de la Défense russe et un haut responsable militaire de l’OTAN ont annoncé avoir eu la première conversation téléphonique de travail depuis l’arrêt de leur coopération en 2014, sur l’initiative de l'Alliance atlantique.

Le 3 mars, le chef d'état-major de l'armée russe, Valeri Guerassimov, et le président du Comité militaire de l'OTAN, le Tchèque Petr Pavel, ont eu un entretien téléphonique, à l’initiative de ce dernier. 

D’après le communiqué publié à l’issue de leur conversation, les deux hommes ont évoqué les problèmes sécuritaires actuels, la perspective d'une reprise de la coopération militaire, la prévention des incidents et la participation de représentants de l'Alliance dans les événements internationaux organisés par Moscou.

«Il s’agit du premier contact militaire de haut niveau après que le Conseil de l’OTAN a décidé de geler ses relations avec la Russie», a précisé la Défense russe.

Valéri Guerassimov a également exprimé les inquiétudes de la Russie face au renforcement de l'activité militaire de l'OTAN près de ses frontières et informé Petr Pavel des futurs exercices militaires prévus par Moscou.

«Les deux généraux ont confirmé la nécessité de prendre des mesures réciproques afin d'apaiser les tensions et de stabiliser la situation en Europe», lit-on dans la conclusion du communiqué russe.

Par ailleurs, le ministère russe de la Défense a invité l’OTAN à une conférence internationale sur la sécurité à Moscou, les 26 et 27 avril, pour une «discussion civilisée».

L’Alliance atlantique a, pour sa part, confirmé à l’AFP l’existence de l'intérêt mutuel de l'OTAN et de la Russie sur la mise en place de «lignes de communication actives entre militaires».

«Ces lignes doivent rester ouvertes», a précisé Petr Pavel, en ajoutant que les deux généraux avaient convenu de rester en contact.

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La conversation téléphonique du 3 mars constitue une première depuis le gel des relations militaires au printemps 2014, après la décision des Criméens de rejoindre la Russie à l’issue d'un référendum. Le 16 février, le général Valéri Guerassimov s'est également entretenu à Bakou avec son homologue américain Joe Dunford. Les parties y ont discuté des perspectives actuelles de coopération militaire, ainsi que des moyens d'empêcher des «incidents» entre forces russes et américaines lors d'«activités militaires».

Durant ces trois dernières années, les relations entre la Russie et l’OTAN se sont passablement dégradées. En juillet 2016, le sommet de Varsovie a marqué le coup d'envoi d'un renforcement de la présence de l'Alliance en Europe de l'Est, et plus particulièrement en Pologne et dans les pays baltes, sous prétexte de la «menace russe». De plus, début janvier, 2 800 unités d'armement (dont des chars Abrams), ainsi que 4 000 militaires américains se sont rendus en Pologne pour participer à des exercices militaires. Ils ont ensuite été répartis dans sept pays : la Lituanie, l'Estonie, la Lettonie, la Bulgarie, la Roumanie et l'Allemagne.

Moscou a démenti à de maintes reprises l'existence d'une menace qu'elle pourrait faire peser sur l’Alliance atlantique, sans recevoir d'écho positif en retour. Le 18 février, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a même précisé que l'expansion de l'OTAN avait conduit en Europe à «un niveau de tension sans précédent depuis ces trente dernières années».

«A en juger par certaines déclarations, la guerre froide n'est pas tout à fait terminée», a-t-il poursuivi en faisant allusion à la proposition du secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg de négocier avec Moscou «en position de force».