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Syrie : l'ONU estime que gouvernement et rebelles ont commis des crimes de guerre à Alep

Des crimes de guerre ont été commis par les deux camps lors de la bataille d'Alep, rapporte l'ONU. Des raids aériens de Damas auraient visé des civils et fait 15 morts alors que les rebelles auraient utilisé des civils comme boucliers humains.

Le gouvernement syrien et les rebelles ont commis des crimes de guerre lors de la bataille d'Alep, a conclu la commission d'enquête internationale de l'ONU sur la Syrie.

Son rapport dénonce l'usage par les forces syriennes d'armes interdites comme le chlore ou les bombes à fragmentation. Mais pour la première fois, il accuse également le gouvernement syrien d'être responsable de l'attaque d'un convoi humanitaire de l'ONU et du croissant rouge syrien, le 19 septembre 2016, à Orum al-Koubra, près d'Alep. Cette attaque, qui avait tué 15 travailleurs humanitaires, avait suscité un tollé international et mis un terme aux tentatives conjointes de Washington et Moscou de conclure un accord de cessez-le-feu.

«Toutes les informations, images satellites, témoignages et expertises médico-légales sur le terrain [...] impliquent les forces syriennes», révèle le rapport, qui conclut que ces dernières ont «commis un crime de guerre».

En décembre dernier, une autre enquête de l'ONU avait conclu que le convoi avait bien été visé par une frappe aérienne, mais sans désigner les responsables. Damas a toujours démenti son implication, tout comme la Russie. Le ministère russe de la Défense avait indiqué le 20 septembre que l'examen des dommages constatés sur les véhicules excluait la possibilité de frappes aériennes et laissait vraisemblablement envisager un incendie de la cargaison.

«Les rebelles ignorent le droit humanitaire»

Le rapport de la commission onusienne accuse également de crimes de guerre les rebelles syriens qui contrôlaient Alep-est et qui ont mené une «campagne de bombardements sans discernement» sur la partie ouest de la ville. Il cite notamment des tirs du 10 août 2016 contre un minibus d'étudiants, qui ont tué 13 personnes, ou l'attaque du 6 octobre contre un marché qui a fait 12 morts.

«Le recours présumé à des missiles au sol, ainsi que l'utilisation de véhicules armés chargés d'explosifs dans une zone qui comprend plus d'un million d'habitants civils sont absolument inacceptables et susceptibles de constituer un crime de guerre», a déclaré la porte-parole du Haut Commissariat de l'ONU pour les droits de l'homme.

En outre, le rapport accuse des groupes rebelles d'avoir empêché des civils de fuir Alep-est, parfois en les exécutant, et de les avoir utilisés comme boucliers humains.

Le rapport qualifie enfin de «crime de guerre» l'accord final d'évacuation d'Alep-est, conclu sous l'égide de la Russie, soutien du gouvernement, et la Turquie, alliée des rebelles. «Aucun civil n'avait l'option de rester», souligne le texte, assimilant l'accord à un «déplacement forcé de population».

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