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Des civils «effrayés, fatigués et affamés» fuient Mossoul à cause du manque d’eau et de médicaments

Alors que les forces irakiennes, épaulées par celles des Etats-Unis, mènent une offensive sur la partie ouest de Mossoul, des milliers de civils fuyant la ville ont fait part de leur exaspération à RT.

Jusqu’à 400 000 personnes pourraient être déplacées en raison des combats qui ont lieu à Mossoul, selon les estimations d'organisations humanitaires. Ce weekend [25 et 26 février], plus de 2 000 civils ont déjà fui la ville mais les camps dressés à proximité ne sont pas en mesure de les accueillir tous.

«Nous estimons qu’il y a environ 750 000 personnes, dont plus de 300 000 enfants à Mossoul, et nous pensons que la moitié d’entre eux veut fuir», a confié à RT Bastien Vigneau, coordinateur d'urgence pour l'UNICEF sur la situation en Irak. Selon lui, l’ONU est gravement préoccupée par la situation humanitaire et à l’heure actuelle, travaille pour offrir des abris supplémentaires et fournir plus d’assistance dans les camps.

Des gens abandonnent tout en fuyant Mossoul-Ouest

«Il n’y a pas d’eau, pas de nourriture, pas de pain. Rien», a déploré un homme arrivant de Mossoul. Un autre a également fait part à RT de son histoire : «Nous avons abandonné notre maison, nos voitures, tout ce que nous avions, nous n’avons pris que nos vêtements. Nous avons peur, nous sommes fatigués et nous avons faim. Ma situation parle d’elle-même.»

Selon Belkis Wille, chercheuse de l’organisation Human Rights Watch (HRW) en Irak, des centaines de milliers de civils vivent toujours dans la partie ouest de Mossoul contrôlée par Daesh. «Ces gens ont un accès extrêmement limité à la nourriture, à l'eau potable, aux médicaments. Alors que les combats font rage, nous n’avons aucune idée du temps durant lequel ces gens resteront sans accès à ces choses», a-t-elle déploré.

«Nous recevons des informations désespérées de la part des gens qui arrivent [dans les camps près de la ville]», a confié Bastien Vigneau, ajoutant que les pires informations avaient «été confirmées par les citoyens de Mossoul-Ouest qui fuient des zones de combat et commencent à arriver dans la partie sud de la ville, Hamam al-Alil». C'est dans cette zone, qui se trouve à une trentaine de kilomètres de Mossoul-Ouest, que les camps de l'ONU ont été construits en peu de temps.

La difficulté de détecter les terroristes de Daesh

Ce qui aggrave la situation, c'est qu’il est difficile de distinguer les civils des terroristes de Daesh. «Le gouvernement a appelé les civils à rester dans leurs maisons, s’ils pouvaient le faire, sinon, de se déplacer dans la région. Le conseil principal que les autorités irakiennes ont donné au début de l’opération était de placer des drapeaux blancs sur leurs toits et leurs portes», a expliqué Belkis Wille.

Cette mesure devrait aider l’armée irakienne à comprendre s’il y a des terroristes à l’intérieur des bâtiments concernés. Pourtant, la chercheuse de HRW a reconnu qu’il était difficile de «savoir qui était un civil et qui ne l’était pas». «Tout ceux qui fuient [Mossoul-Ouest] sont traités comme des terroristes potentiels et subissent un contrôle de sécurité», a-t-elle expliqué.

Le Premier ministre irakien, Haider al-Abadi avait annoncé le 19 février le début de l’offensive de l’armée irakienne sur Mossoul-Ouest, après la libération des quartiers Est de la ville par ces même soldats. Mossoul, avec une population de deux millions d'habitant était passée sous le contrôle de Daesh en été 2014, avant de devenir le bastion de l’Etat islamique en Irak.

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