Economie

A Goldman Sachs, il est désormais interdit de trop travailler

«Vous êtes priés de ne pas passer la nuit au bureau», la consigne de la banque d'affaires à ses stagiares est claire mais sonne étrangement dans un milieu de la finance où la course au profit engendre longues plages de travail et surmenage chronique.

Désormais, les bureaux de la banque d'investissement seront fermés aux stagiaires entre minuit et sept heures du matin. Une mesure qui semble avoir été prise afin de refréner les ardeurs professionnelles des jeunes étudiants venus le temps d'un été parfaire leur connaissance du monde de la finance.

Mais cette consigne intervient peu de temps après le décès d'un jeune analyste de 22 ans de la banque d'affaires. Début juin, Sarvshreshth Gupta a en effet été retrouvé mort chez lui, à San Francisco. Avant sa mort, il s'était plaint à son père de devoir travailler «plus de 100 heures par semaine». La police américaine soupçonne que le jeune homme s'est suicidé, au sortir d'une longue nuit de travail, en raison de la difficulté qu'il avait à répondre aux exigences de son employeur.

Autre décès lié au surmenage dans une banque internationale, celui en 2013 d'un stagiaire allemand de la Bank of America, mort chez lui après avoir travaillé 72 heures consécutives sans dormir. Moritz Erhardt, 21 ans, effectuait depuis 6 semaines un stage dans les locaux de la banque à Londres, multipliant nuits blanches et longues amplitudes horaires, jusqu'à ce que cela lui coûte la vie.

A la suite du tollé provoqué par ce décès, les banques d'affaires avaient réagi par diverses mesures essentiellement cosmétiques. Bank of America avait établi un mémo interne recommendant de prendre au moins 4 jours de week-end par mois. JP Morgan avait préconisé un week-end «blanc», sans travail ni mail. Enfin Goldman Sachs s'était penché sur la qualité de vie au travail de ses employés avec la création d'un comité ad hoc. Autant de mesures, toutefois, qui n'étaient restées qu'au stade de recommendation.

Le Kâroshi, ou la mort par le travail, gagne-t-il les entreprises occidentales?

Au Japon, on a inventé un mot spécial pour ce surmenage au travail qui peut mener à la mort: le karôshi, karo signifiant «fatigue au travail» et «shi» tout simplement mort. Chaque année, ce sont environ 10 000 Japonais qui meurent de ce syndrome.

Pour enrayer cet état endémique, les autorités japonaises ont même dû adopter des mesures pour obliger les Japonais à prendre leurs vacances. En 2013, ils ont pris moins de la moitié des congés auxquelles ils avaient pourtant droit et le gouvernement veut porter ce chiffre à 70% en 2020.

En France, la prise en considération des questions liées au surmenage au travail commence depuis peu ; le député socialiste Benoît Hamon a ainsi proposé en mai dernier que soit reconnu le burn out comme une vraie maladie professionnelle. 

En savoir plus : la question brûlante du burn-out enfin reconnue ?

En attendant, pour savoir si un employé est victime d'un épuisement professionnel, un test a été spécialement créé par des médecins du travail. Alors, à vos clics...