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Allemagne : le renseignement a tenté en vain d'établir la réalité d'une «désinformation» russe

Au terme d'une enquête qui a duré près d'un an, le contre-espionnage et le renseignement allemands ont admis ne pas être parvenus à apporter la preuve d'une ingérence russe dans la politique allemande. Mais une nouvelle enquête va être ouverte.

Selon le quotidien allemand Die Süddeutsche Zeitung, le contre-espionnage (BfV) et l'agence de renseignement fédéral (BND) allemands se sont associés pour chercher des preuves d'une ingérence russe dans les affaires intérieures et la politique allemande sans rien trouver.

«Nous n'avons trouvé aucune preuve flagrante», aurait affirmé une source émanant du gouvernement d'Angela Merkel citée par le Süddeutsche, selon lequel les services de renseignement allemands avaient l'intention de publier des extraits de leurs recherches. Mais, en l'absence de résultats, le renseignement aurait renoncé à publier quoi que ce soit.

Nouvelle enquête avec pour cible RT et Sputnik

Mais ce n'est que partie remise. La chancelière Angela Merkel a ordonné l'ouverture d'une nouvelle enquête, cette fois-ci axée sur la ligne éditoriale des médias «russes». Et plus précisément la branche allemande de RT ainsi que l'agence de presse Sputnik. 

Après avoir échoué à démontrer une «désinformation ciblée» et directement pilotée depuis Moscou, le renseignement va donc devoir tenter de prouver une information «fausse ou exagérée». En d'autres termes : s'attaquer à la ligne éditoriale et aux opinions des médias, deux notions qui définissent à la fois la presse et la liberté de la presse.

Par ailleurs, l'aveu d'échec du renseignement est en contradiction avec les déclarations de Bruno Kahl, directeur du BND qui affirmait en novembre que la Russie avait sans doute manipulé le vote aux Etats-Unis et que l'Europe subirait le même sort : «Les auteurs ont pour but de délégitimiser le processus démocratique.»

Alexandre Keller

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