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Expulsions, chantage, surveillance de journalistes : les «pouvoirs secrets» du FBI

Plusieurs documents confidentiels témoignent du recours fréquent, par les agents du FBI, à des procédés échappant au contrôle de la justice... et parfois même à la limite de la légalité.

Un rapport publié par The Intercept révèle, en s'appuyant sur des documents confidentiels du FBI, que ce dernier jouirait de «pouvoirs secrets». Parmi les pièces que s'est procurées le site d'enquêtes, l'une devait rester particulièrement confidentielle : le code de conduite de l'agence. Selon des informations extraites de ce livre, connu sous le nom de code de DIOG, le FBI serait habilité à espionner les journalistes, à expulser ses informateurs étrangers hors du sol américain une fois que ceux-ci ne lui sont plus utiles, ou à surveiller n'importe quel individu sans élément concret d'accusation.

Il suffirait à n'importe quel agent du FBI d'obtenir l'approbation de deux responsables pour avoir accès aux transcriptions des conversations téléphoniques d'un journaliste. Autrement dit, tout le processus est validé en interne, contournant ainsi la procédure normale, qui impose l'autorisation d'une instance judiciaire. Ce dispositif aurait été employé des milliers de fois l'an passé, notamment pour avoir accès aux historiques internet de personnes ciblées.

Contacté par The Intercept, un porte-parole du FBI a refusé de confirmer ou d'infirmer ces informations. Il a toutefois estimé qu'il était «évident» que le FBI ne pouvait mener à bien ses missions sur la seule base du premier amendement de la constitution américaine, qui garantit les libertés individuelles.

Le recours à des informateurs ferait également l'objet de mesures d'exception de la part du FBI. Le DIOG mentionne les règles qui doivent être suivies dans le démarchage, le recrutement et le traitement de ces agents de liaison, le plus souvent des collaborateurs ponctuels. N'importe quel individu peut être approché par les agents fédéraux, y compris des mineurs sans le consentement de leurs parents. Le FBI est également autorisé à collecter des informations compromettantes sur l'informateur afin de le faire chanter, ou à l'expulser s'il ne dispose pas de la nationalité américaine. L'utilisation de faux profils internet pour recruter des informateurs est également permise.

Le FBI est régulièrement accusé d'avoir recours à des méthodes faisant fi de la légalité. Ces derniers mois, l'agence fédérale a également été accusée à cause de son manque de rigueur, notamment après la publication de son rapport sur les prétendus «piratages russes» de l'élection américaine, ou encore à cause de défauts de sécurité sur son site internet.