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En visite à Philadelphie, Theresa May met en garde les Etats-Unis contre Poutine

Le Premier ministre britannique Theresa May a mis en garde les Etats-Unis contre Vladimir Poutine, avec lequel Donald Trump a dit vouloir esquisser un rapprochement. Boris Johnson a, lui, évoqué la coopération avec Moscou, notamment sur la Syrie.

«Quand on parle de la Russie, il est sage comme souvent de prendre exemple sur le président [Ronald] Reagan qui, dans ses négociations avec son homologue russe d'alors, Mikhaïl Gorbatchev, avait l'habitude de suivre cet adage "faites confiance, mais vérifiez". Avec le président Poutine, mon conseil c'est "coopérez, mais prenez garde"», a déclaré Theresa May. La chef du gouvernement britannique s'exprimait devant les républicains américains réunis à Philadelphie.

Theresa May a aussi souligné l'importance des institutions internationales, dont les Nations unies et l'OTAN, éreintées à maintes reprises par Donald Trump. «Les Nations unies ont besoin d'être réformées mais restent vitales», notamment dans la lutte contre le terrorisme ou le changement climatique, a affirmé Theresa May, défendant également le rôle de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et l'importance cruciale de l'OTAN, «pierre angulaire de la défense de l'Occident».

Elle a toutefois appelé les alliés des Etats-Unis à «jouer leur rôle», en écho aux critiques de Donald Trump qui estime que les Etats-Unis contribuent de façon disproportionnée aux organismes internationaux.

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Ses déclarations sur la Russie tranchent avec celles du ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson qui s’est montré plus ouvert à la coopération avec Moscou. Quelques heures avant le discours du Premier ministre aux Etats-Unis, ce dernier s'était dit ouvert à toute «possibilité d'arrangement avec la Russie» pour lutter contre Daesh.

«Responsabilité commune»

Theresa May a aussi reconnu des tensions grandissantes entre les Etats-Unis et la Chine mais ajouté que les craintes d'une «éclipse de l'Occident» s'effaceraient si Washington et Londres faisaient front commun. «Nous, nos deux pays ensemble, avons une responsabilité commune. Car lorsque les autres avancent pendant que nous reculons, ce n'est pas bon pour l'Amérique, pour le Royaume-Uni et le monde», a-t-elle déclaré, en évoquant la coopération en pleine guerre froide entre l'ancienne Première ministre Margaret Thatcher et l'ex-président américain Ronald Reagan.

Theresa May s'est aussi montrée désireuse d'entamer des négociations sur un éventuel accord commercial, appelé de ses vœux par Donald Trump, entre les deux pays après le départ du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Dans une allusion aux conflits en Irak et en Afghanistan, elle a, comme Donald Trump, assuré que «les jours d'une intervention du Royaume-Uni et des Etats-Unis dans des pays souverains pour tenter de remodeler le monde à [leur] image [étaient] terminés». «Mais nous ne pouvons pas non plus rester sans rien faire quand la menace est réelle et quand c'est dans notre intérêt d'intervenir», a-t-elle cependant ajouté.

La dirigeante britannique a défendu l'accord international sur le nucléaire iranien, dénoncé par Donald Trump, tout en précisant qu'il devrait être «contrôlé très rigoureusement».

Le Premier ministre britannique a prononcé ce discours le 26 janvier devant des responsables républicains, lors de leur congrès annuel à Philadelphie. Elle, une femme, sera le 27 janvier le premier dirigeant étranger à rencontrer Donald Trump depuis son arrivée au pouvoir et sera reçue à la Maison Blanche. Ce n'est pas anodin : Donald Trump avait suscité de nombreuses fois la polémique au Royaume-Uni, notamment après ses propos sur les femmes que Theresa May avait qualifiés «d'inacceptables».

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