En juin 2016, le missile balistique Trident a été lancé depuis le sous-marin HMS Vengeance, selon le journal britannique The Sunday Times. Aucun autre test n'avait eu lieu depuis quatre ans. Le bateau ayant effectué le tir, quatrième et dernier sous-marin de classe Vanguard de la marine britannique, devait vérifier lors de cet exercice que le navire et son équipage étaient prêts pour le service actif.
Depuis la base de Port Canaveral, en Floride, où la marine britannique opérait d'ultimes vérifications, le HMS Vengeance a appareillé pour lancer un missile non-armé Trident en direction d'un «champ de tir oriental», cible se trouvant non loin de la côté ouest de l'Afrique. Néanmoins, après l'opération, aucune annonce n'a été faite quant à la réussite de l'essai, ce qui est habituellement le cas. Cela a pu sembler d'autant plus étrange que les lancements de Trident sont de grandes occasions de communiquer pour l'armée britannique au regard du coût de ce type de missile (17 millions de livres soit plus de 19,5 millions d’euros).
Citant une source de la marine britannique, The Sunday Times explique que «quelque chose a cloché» après que le lancement du Trident. Les détails de l’échec n’ont pas été révélés, mais la source estime que le missile aurait pu être lancé dans la mauvaise direction : vers le continent américain au lieu de traverser l’Atlantique. «De hauts responsables militaires, ainsi que le gouvernement, ont souhaité que ces informations ne soient pas rendues publiques», a révélé la source. Le défaut du missile balistique, considéré comme une pièce maîtresse de la dissuasion stratégique de la marine britannique, aurait pu faire des victimes et susciter des questions sur la fiabilité des arsenaux nucléaires britanniques.
«Downing Street a finalement décidé de couvrir l’échec de ce test. Si ces informations avaient été rendues publiques... ils savaient à quel point cela auraient nui à la crédibilité de notre dissuasion nucléaire», a divulgué la source au journal britannique.
Le gouvernement britannique refuse de commenter l’échec présumé du test du Trident
Interviewée sur la BBC le 22 janvier, le Premier ministre britannique Theresa May a refusé de commenter l’échec présumé du test du Trident. Elle a déclaré d’avoir «une confiance absolue» dans le système de la dissuasion nucléaire britannique mais a évité de donner une réponse directe quand elle a été confrontées aux informations du Sunday Times.
Le ministère de la Défense a de son côté néanmoins affirmé que Vengeance avait «mené un essai de routine de lancement de missile non armé Trident» et que le sous-marin et son équipage avaient «opéré avec succès». Les militaires britanniques ont refusé d’évoquer des défauts potentiels du système «pour des raisons évidentes de la sécurité nationale».
Le constructeur de Trident, Lockheed Martin, a préféré ne pas commenter les informations du Sunday Times.
Cacher les faits sur le Trident, «ce n’est pas la démocratie»
Cet article évoquant un échec présumé de l’essai de Trident a suscité le tollé au Royaume-Uni. Un député du Parti travailliste Kevan Jones appelle à l'ouverture une enquête. «La dissuasion nucléaire britannique indépendante est une pierre angulaire de notre défense. S’il y des problèmes, ils ne doivent pas être couverts de façon maladroite. Les ministres doivent avouer s’il y a des problèmes et une enquête urgente sur ce qui s’est passé doit être déclenchée», a-t- il déclaré.
Une autre députée, Veronika Tudhope, membre du Parti vert écossais, s’insurge du vote sur le Trident au Parlement en juillet 2016. «Il a été demandé au Parlement de voter sur le renouvellement du [programme] Trident, mais [les députés] n’ont pas reçu toutes les informations. Il n’était pas honnête de demander de voter sans avoir tous les faits, ce n’est pas ça la démocratie. Nous ne savons pas, si cela aurait changé les résultats du vote de juillet dernier, mais c’était biaisé», estime-t-elle.
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Un lanceur d’alerte qui avait été ingénieur à bord du HMS Victorious, William McNeilly, avait confié à RT en 2015 qu'il avait pu constater pendant son service que nombre de failles de sécurité et de défaillances techniques dans les sous-marins armés de Trident exposaient les armes nucléaires britanniques à des menaces terroristes potentielles.