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Diplomatie russe en 2016 : Sergueï Lavrov sur l’OTAN, les services secrets des USA et la Syrie

Le ministre russe des Affaires étrangères a donné une grande conférence de presse pour faire le bilan de l’année 2016 et annoncer les priorités pour l’avenir.

Parier sur le pragmatisme

En ouverture de sa grande conférence de presse faisant le bilan de l’année 2016, le ministre russe des Affaires étrangères a rappelé les priorités russes. Prenant le contre-pied de ce qu'il a qualifié de «messianisme politique» de l'Occident, Sergueï Lavrov a mis en avant une diplomatie du pragmatisme. «Notre choix est en faveur d'un pragmatisme fondé sur les principaux intérêts de la Russie. Ils sont simples, constants, et consistent en ce que le pays aille bien et que le bien-être de nos compatriotes s'améliore», a-t-il souligné.

Selon les déclarations du premier diplomate de Russie, cette dernière cherche l'intérêt commun et entend collaborer avec tous ceux étant prêts à faire en sorte que «l’économie globale se développe pour le bien de tous les pays» et à s'unir contre le terrorisme. Fustigeant «le désir [de l'Occident] d’exporter ses valeurs», il a rappelé que «ce qu’on appelle maintenant le printemps arabe» avait été une catastrophe.

Evoquant les futures relations avec la nouvelle administration américaine, le chef de la diplomatie russe a souligné que, si Donald Trump était «vraiment prêt» à chercher à résoudre les problèmes communs, la Russie agirait en conséquence. En outre, Sergueï Lavrov a rappelé que les «vues particulières de Trump» étaient différentes de celles de ses prédécesseurs.

«Le renseignement de l’OTAN fonctionne mal»

Evoquant le déploiement des forces de l’Alliance en Estonie près des frontières avec la Russie, Sergueï Lavrov a estimé, non sans ironie, qu’une telle mesure témoignait de l’absence de compréhension de la réalité de la situation.

«Il est triste que leur renseignement [de l’OTAN] fonctionne mal», a-t-il ajouté, déplorant que l’Alliance ne voie pas d'autre «usage pour ses forces [que des les placer] aux frontières de la Russie».

Les négociations syriennes, premier contact officiel avec la nouvelle administration américaine ?

Le ministre a ensuite invité les représentants de la nouvelle administration des Etats-Unis à participer aux négociations sur le cessez-le-feu en Syrie, qui auront lieu le 23 janvier à Astana, au Kazakhstan. Si les Etats-Unis acceptent cette invitation, cela sera le premier contact officiel entre la Russie et l’administration de Donald Trump. «Nous espérons que la coopération sur la crise en Syrie sera plus efficace avec l’équipe de Donald Trump qu’avec l’administration d’Obama», a exprimé avec espoir Sergueï Lavrov.

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Tentatives de recrutement de diplomates russes par le renseignement américain

Ces derniers années, les tentatives des services secrets des Etats-Unis pour recruter des diplomates russes se sont multipliées de manière considérable. La Russie avait choisi de ne pas révéler ces incidents, mais compte tenu du renforcement de telles activités, Sergueï Lavrov en a évoqués certains lors de sa conférence de presse.

Ainsi, en avril 2016, des agents des services secrets américains ont voulu recruter un ministre-conseiller russe, «deuxième personnalité de l’ambassade». Un autre haut diplomate a fait l’objet de pressions des services de renseignement américains qui avaient placé à son insu 10 000 dollars dans sa voiture. En vain.

«Le meilleur moyen d’arrêter la guerre en Syrie c'est la force»

Selon le ministre russe, la capitale syrienne «était à deux ou trois semaines d’être conquise» par les terroristes, quand la Russie a entamé une opération antiterroriste en Syrie à la demande du gouvernement syrien. Sergueï Lavrov s'est félicité de l'efficacité de l'opération russe, lors de laquelle les militaires russes ont aidé l’armée syrienne à repousser les terroristes de Damas et à libérer Alep.

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«On ne peut arrêter cette guerre qu'en utilisant la force en premier lieu, parce qu’il faut lutter jusqu’au bout contre le terrorisme», a expliqué Sergueï Lavrov. Au sujet de ceux qui «ont observé en silence» pendant 18 mois alors que les djihadistes encerclaient Alep, le jugement du chef de la diplomatie russe est sans appel, pour lui, ils n'ont fait que «perpétrer un crime».