Donald Trump est parvenu à faire réagir un certain nombre de dirigeants internationaux et de gouvernements, en s'épanchant sur divers sujets politiques majeurs dans une interview au journal britannique The Times et au quotidien allemand Bild, dimanche 15 janvier.
Moscou, par la voix du porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov, a ainsi applaudi le locataire de la Maison Blanche, pour avoir décrit l'OTAN comme «un vestige du passé».
«L'Otan est, effectivement un vestige [du passé] et nous sommes d'accord avec cela. Cela fait longtemps que nous exprimons nos vues sur cette organisation», s'est félicité le haut responsable russe, cité par l'agence Itar-Tass. «En tenant compte du fait qu'elle [l'Alliance atlantique] est centrée sur la confrontation et que sa structure tout entière est dédiée aux idéaux de la confrontation, il est dès lors, difficile, de la qualifier de structure moderne rencontrant les idées de stabilité, de développement durable et de sécurité», a ajouté le représentant du Kremlin.
Du côté des dirigeants de l'Alliance atlantique, en revanche, les propos du président-élu des Etats-Unis n'ont guère été appréciés. En sortant d'un rendez-vous avec le chef de l'Otan Jens Stoltenberg, le ministre des Affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier, a témoigné de l'«inquiétude» des responsables de l'organisation militaire, d'après l'agence AFP.
Merkel et Ayrault rêvent d'une Europe unie... face à Trump
Directement interpellée par Donald Trump, qui l'a accusée d'avoir commis une «erreur catastrophique» en ouvrant les portes de son pays à plus d'un million de migrants en 2015, la chancelière Angela Merkel n'a pas souhaité s'exprimer sur ce point. Elle a néanmoins rappelé, lors d'une conférence de presse à Berlin, son attachement à l'unité de l'Union européenne – face à l'Amérique de Donald Trump, peut-on imaginer : «Nous, Européens, avons notre propre destinée entre nos mains», a-t-elle déclaré.
En outre, alors que Donald Trump a salué à plusieurs reprises la décision du Royaume-Uni de quitter l’UE, la dirigeante allemande a martelé qu'elle militerait pour que les 27 Etats membres de l'Union européenne affrontent ensemble les défis du 21e siècle.
Rebondissant sur l'ensemble des déclarations du président-élu américain – qui de toute évidence ne l'ont pas convaincu – le ministre des Affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault a quant à lui lâché : «La meilleure réponse à l'interview du président américain, c'est l'unité des Européens».
Dans la même veine, le chef de la diplomatie luxembourgeoise Jean Asselborn a déclaré qu'il fallait montrer à Donald Trump que l'Europe n'était pas qu'une «communauté solidaire» et prenait les Affaires étrangères au sérieux... Son homologue espagnol Alfonso Dastis, moins menaçant, a fait savoir qu'il souhaitait donner du temps au successeur de Barack Obama afin qu'il apprenne à connaitre l'UE et l'OTAN de l'intérieur. «J'espère qu'il changera d'avis», a-t-il précisé.
Hollande vole lui aussi au secours de l'UE et de l'Otan
Quelques heures après son ministre des Affaires étrangères, le président de la République française, François Hollande, a lui aussi pris la parole pour dénoncer les déclarations de Trump sur le Brexit. «L'Europe sera toujours prête à poursuivre la coopération transatlantique, mais elle se déterminera en fonction de ses intérêts et de ses valeurs. Elle n'a pas besoin de conseils extérieurs pour lui dire ce qu'elle à a faire», a signifié le chef d'Etat, cité par l'agence AFP, lors de la remise de la Légion d'honneur à l'ambassadrice américaine à Paris, Jane Hartley.
Le président socialiste a également contesté la vision de l'Otan partagée par Donald Trump, assurant que l'Alliance atlantique ne serait obsolète que lorsque les menaces planant sur ses membres le seraient devenues.
Trump demande à l'Allemagne d'acheter des voitures américaines, Berlin réplique : «Construisez de meilleures voitures»
L'Allemagne, en particulier, a trouvé dans l'interview de Donald Trump un ultime motif d'indignation : la menace, formulée par le président-élu des Etats-Unis, d'imposer une taxe à l'importation de 35% aux voitures que le constructeur automobile allemand BMW prévoit de construire au Mexique.
«Nous ne sommes pas en quelque sorte soumis à lui, nous avons également des choses à offrir», a réagi froidement Sigmar Gabriel, vice-chancelier social-démocrate du gouvernement de coalition d'Angela Merkel, interrogé par le journal allemand Bild.
«Combien de Chevrolet voyez-vous en Allemagne ? Pas beaucoup, peut-être aucune [...] c'est une rue à sens unique», avait lancé le président-élu américain, reprochant à l'Allemagne d'exporter ses voitures aux Etats-Unis sans en importer. Une accusation à laquelle Sigmar Gabriel a répliqué sans prendre de gants : «Les Etats-Unis ont besoin de construire de meilleures voitures».
Le géant de l'automobile ciblé par le chef d'Etat américain, en revanche, n'a pour l'instant pas souhaité répliquer à celui-ci.
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