Décidément, la Russie est devenue un thème central pour les médias américains, qui martèlent depuis plusieurs semaines que Moscou, avec son «long bras», contrôle à peu près tout ce qui peut exister, des élections présidentielles américaines au réseau électrique des Etats-Unis.
Ce sujet brûlant et ô combien prédominant sur la scène médiatique américaine était abordé une nouvelle fois le 13 janvier par le célèbre chroniqueur du Washington Post, David Ignatius, sur la chaîne MSNBC.
Mais alors que le chroniqueur s'exprime calmement et le plus normalement du monde, l'image et le son se sont tout à coup figés, comme sur un disque rayé. Le piquant de cette histoire, c'est que le mot sur lequel David Ignatus s'est mis à «bégayer» n'est autres que Russie.
Un «RussieRussieRussieRussieRussieRussie ...» – plus d'une douzaine de fois de suite – a résonné avant que l'écran ne devienne noir. Au bout de quelques secondes, tout est redevenu normal et l'émission a pu reprendre.
Le porte-parole de MSNBC a parlé d'«un problème technique qui a été résolu en quelques secondes» pour expliquer cet incident, tout en précisant à CNN que le programme avait été pré-enregistré et n'était pas diffusé en direct.
Sur les réseaux sociaux, les internautes hillares se sont mis à plaisanter, affirmant avec ironie que cet incident témoignait encore une fois de l'influence sans limite des obscures «hackers russes» qui décidément font ce qu'ils veulent et quand cela leur chante. Ils auraient ainsi carrément infiltré l'émission pour faire passer leur message subliminal (du genre «Bouuuuuh on est là») ...
«On va encore nous parler de "menace" j'imagine», a ironisé l'internaute Jason Wade sur le site internet Mediaite.
«Ouais, c'étaient encore ces hackers russes, il n'y a aucun doute. L'autre jour ils ont piraté mon grille-pain», a plaisanté un autre utilisateur de YouTube dans les commentaires sous la vidéo de l'intervention de David Ignatius.
«Hé tout le monde ! Les Russes piratent en direct une émission de MSNBC», a écrit Dallas Yu. Panique ou ironie ?
«RT a piraté C-Span Max et maintenant voilà ce qui arrive», a tweeté @ JLiGr.
Mais tous les téléspectateurs n'ont pas adopté un ton aussi léger et empreint d'ironie. Pour certains, s'il s'agit d'une coïncidence effroyablement drôle, le fait que le bug se soit produit pile au moment où David Ignatius prononçait le mot «Russie», est une métaphore criante du traitement médiatique qu'a reçu la prétendue «menace russe», placée au centre de la campagne présidentielle d'Hillary Clinton, avant que cette dernière ne soit battue par Donald Trump en novembre dernier.
«C'est de l'or en barre ! On a un résumé exact de la campagne d'Hillary Clinton. D'abord quelques mensonges, quelques conn***es, et puis "RussieRussieRussieRussie" ... brillant, vraiment !», a écrit NightStalkerDNS sur YouTube.
Le 31 décembre dernier, le prestigieux Washington Post avait publié un rapport non vérifié affirmant qu'une prétendue «opération russe» était parvenue à pirater une compagnie d'électricité basée dans l'Etat du Vermont, avant de revenir sur ses allégations. En effet, la compagnie américaine a admis n'avoir jamais été piratée par qui que ce soit.
Par ailleurs, le 10 janvier, la retransmission du discours de la congressiste Maxine Waters, connue pour ses vives critiques à l'égard du président élu Donald Trump, lors d'une séance du Congrès des Etats-Unis, a été remplacée par le flux de la chaîne RT pendant 10 bonnes minutes. Quelques heures plus tard, la chaîne de télévision américaine dédiée aux informations officielles C-SPAN, a reconnu avoir commis «une erreur interne» de routage mais certains médias occidentaux ont continué d’y voir «l'aide des hackers russes».
Ainsi, bon nombre d'Américains continuent de frissonner à l'idée que la Russie, ses hackers et ses horribles organes de propagande, RT en tête, piratent tout le pays à tout bout de champ. Les preuves du contraires, bien qu'elles proviennent directement des organes américains concernés, ne semblent pas en mesure d'inverser cette tendance.
«Je commence à croire que les hackers russes ont piraté la tête de tous les médias mainstream américains», a déclaré le 13 janvier à l'agence RIA Novosti Margarita Simonyan, rédactrice en chef du groupe RT, dans un communiqué faisant état de l'hystérie anti-russe dans les médias américains.
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