Le ministère serbe de la Justice a officiellement demandé le mardi 10 janvier à la France l'extradition de l'ex-chef rebelle et ancien Premier ministre kosovar, Ramush Haradinaj, que la justice serbe soupçonne de crimes de guerre durant la guerre du Kosovo (1998-1999).
La veille, Ivica Dacic, le ministre serbe des Affaires étrangères, avait déjà prévenu : «La Serbie ne renoncera pas à la poursuite de [Ramush] Haradinaj ou de quiconque ayant commis des crimes contre le peuple serbe.»
Ramush Haradinaj a été arrêté à l'aéroport de Bâle-Mulhouse en Alsace, à proximité de la frontière suisse le 4 janvier à la demande des autorités serbes, qui avaient émis un mandat d'arrêt international à son encontre.
La diaspora albanaise menacerait des missions diplomatiques serbes
Ivica Dacic a par ailleurs déclaré le 9 janvier à la Radio Télévision de Serbie : «Nous avons des informations selon lesquelles la diaspora albanaise planifie une prise de contrôle de l'une de nos missions diplomatiques ou consulaires aux Etats-Unis ou en Europe afin de faire en sorte que la Serbie abandonne sa demande [de jugement de Ramush] Haradinaj.»
«Ces informations proviennent d'un pays occidental et les données comprennent les noms et prénoms des personnes, le nom de l'Etat, et le fait que notre ambassade ou consulat est susceptible de devenir une cible», a précisé le ministre serbe, cité par l'agence de presse russe TASS. Aucun détail n'a toutefois été rendu public.
Le ministre serbe des Affaires étrangères, cité par le média serbe Blic, a également déclaré : «Cela montre jusqu'où les politiciens albanais sont prêts à aller, même jusqu'au terrorisme.»
Ancien commandant au sein de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), une guérilla indépendantiste active pendant la guerre du Kosovo, Ramush Haradinaj a dirigé les «Aigles noirs», une unité accusée par Belgrade d'avoir torturé et assassiné dans l'est du Kosovo des dizaines de personnes, serbes, roms ainsi que des kosovars albanais.
Nommé Premier ministre du Kosovo en décembre 2004, Ramush Haradinaj avait démissionné au bout de 100 jours pour répondre à des accusations de crimes de guerre devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). L'ancien dirigeant rebelle avait été acquitté en 2008 après avoir été jugé pour 37 chefs d'accusation. Il avait une nouvelle fois été acquitté en appel en 2012.
La guerre au Kosovo et l'intervention militaire de l'OTAN contre la Serbie ont causé la mort de 13 000 personnes et conduit à la sécession de cette région serbe majoritairement peuplée d'Albanais, mais que la Serbie considère comme son berceau historique.
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Belgrade ne reconnaît pas le Kosovo en tant qu'Etat indépendant, considérant que ce territoire fait partie de la Serbie. Cinq des 28 pays membres de l'UE n'ont toujours pas reconnu l'indépendance du Kosovo : l'Espagne, la Slovaquie, la Roumanie, la Grèce et Chypre.
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