Le parlement vénézuélien, où l'opposition est actuellement majoritaire, a voté lundi 9 janvier contre le président Nicolas Maduro pour «manquement aux devoirs» de sa fonction. Les parlementaires lui attribuent la responsabilité de la «crise sans précédent» qui secoue le pays. 106 députés ont ainsi approuvé le texte déposé par le député Juan Pablo Garcia, qui exige également l'organisation de nouvelles élections présidentielles - les députés membres du parti de Nicolas Maduro, le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) ont, eux, quitté la salle.
Ce vote, qui a eu lieu au cours d'une session agitée, n'a qu'une portée symbolique, car il a de grandes chances d'être invalidé par la Cour suprême vénézuélienne qui, avant même le début des débats, a prévenu que «l'Assemblée nationale n'avait pas la faculté de destituer le président de la République». Seuls une démission, la mort, la destitution par la Cour suprême ou un référendum révocatoire peuvent contraindre le Président au départ. De leur côté, les députés d'opposition ont avancé la disposition de l'article 233 de la constitution, qui stipule que «le Président est définitivement inapte à exercer le pouvoir en cas d'abandon de ses fonctions dûment déclaré par l'Assemblée nationale».
La Cour suprême a appelé les députés d'opposition à «cesser de vouloir engager des procédures excédant leurs prérogatives constitutionnelles». Pour autant, les parlementaires, qui savent que le climat actuel au sein de l'opinion leur est favorable, semblent avoir tiré grande satisfaction du résultat du vote. Ainsi, sitôt le résultat annoncé, le slogan «Des élections maintenant !» s'est élevé dans les rangs de l'assemblée.
Une crise politique en plus de la crise économique
«L'essentiel, c'est que cette mesure appelle une solution électorale à la crise que connaît le Venezuela, afin que le peuple puisse s'exprimer dans les urnes», a déclaré le Président du Congrès, Julio Borges, qui soutenait le texte voté par les parlementaires depuis sa prise de fonction le 5 janvier. L'opposition, en effet, affirme que Nicolas Maduro, depuis qu'il a succédé à son mentor Hugo Chavez, décédé en 2013, a négligé ses devoirs en laissant le pays s'enliser dans une profonde crise économique. Celle-ci a provoqué de nombreuses pénuries de biens de première nécessité ces dernières années.
Nicolas Maduro, lui, tient l'inflation de la devise bolivarienne pour responsable de la situation, dénonçant une attaque organisée par Washington. Son vice-président, Diosdado Cabello a d'ores et déjà annoncé qu'une démission de Nicolas Maduro était inenvisageable. «Le Président n'a pas démissionné et ne démissionnera pas», a-t-il prévenu. Il a également affirmé que le PSUV n'avait pas l'intention de reconnaître la légitimité de ce scrutin controversé, qualifiant l'Assemblée nationale actuelle de «législature désobéissante».
La procédure de destitution avait été amorcée en octobre dernier par l'Assemblée nationale, en dépit des annonces répétées de la Cour suprême que le vote ne serait pas juridiquement valable. Néanmoins, l'opposition, confortée par l'impopularité grandissante du Président, a voulu mener à bout cette démonstration de force, notamment après qu'une proposition de référendum révocatoire d'initiative populaire a été invalidée par la commission électorale. Cette dernière avait pris sa décision en s'appuyant sur un grand nombre de signatures falsifiées. L'opposition, dénonçant ce qu'elle a qualifié de «tentative pour intercepter le suffrage du peuple», y a vu un quasi-coup d'Etat.