International

Le chef d'Al-Qaïda accuse le leader de Daesh de «mensonges»

Ayman al-Zawahiri a accusé le 5 janvier le chef de l'Etat islamique, Abou Bakr al-Baghdadi, de mentir au sujet de la lutte djihadiste que mène Al-Qaïda. Il a également appelé une nouvelle fois ses partisans à combattre les Etats-Unis et les chiites.

Dans un message audio cité et traduit en anglais par le centre américain de surveillance des sites djihadistes (SITE), l'Egyptien Ayman al-Zawahiri, leader d'Al-Qaïda, s'en prend à la «campagne de déformation des faits, de peur et d'intimidation [...] à laquelle a malheureusement participé Ibrahim al-Badri [Abou Bakr al-Baghdadi, le leader de l'Etat islamique]».

«Il [Al-Baghdadi] a proféré des mensonges sur nous, prétendant que nous ne dénonçons pas la tyrannie [...] et que nous louons [l'ancien président égyptien déchu] Mohamed Morsi [...]», proteste Ayman al-Zawahiri, selon la transcription anglaise de son message.

Il dénonce également le fait qu'Al-Baghdadi aurait accusé Al-Qaïda d'appeler les chrétiens à être des partenaires : «Ce que j'ai dit, c'est qu'ils sont des partenaires dans des domaines tels que la terre, l'agriculture, le commerce et l'argent, et dans cette mesure nous préservons leur vie privée conformément à la charia.»

«Nous ne sommes pas infaillibles, nous sommes des êtres humains, nous vivons des victoires et des échecs. Nous devons écouter les conseils», a admis al-Zawahiri, tout en rejetant les allégations d'Al-Baghdadi à propos d'Al-Qaïda.

«Ce que nous [les membres d'Al-Qaïda] voulons, c'est créer et gérer un dialogue entre ceux qui œuvrent pour l'Islam, les combattants du djihad à leur avant-garde, autour de la meilleure méthode et des techniques les plus sages pour apporter la victoire finale à la religion islamique», a-t-il déclaré.

Le chef d'Al-Qaïda, qui a succédé à Oussama Ben Laden après que ce dernier a été tué par un commando américain au Pakistan en mai 2011, conteste aussi les allégations d'Abou Bakr al-Baghdadi accusant son organisation de ne pas combattre les musulmans chiites.

«Dans l'un de mes discours [...] j'ai donné l'ordre par écrit d'attaquer les forces militaires, de police et de sécurité irakiennes, qui sont pour la plupart chiites, ainsi que les miliciens chiites», argumente ainsi Ayman al-Zawahiri.

Enfin, l'homme s'en prend une nouvelle fois à l'Amérique: «Nous appelons les moudjahidine [...] à faire du djihad contre l'Amérique et ses alliés leur priorité où qu'ils puissent agir [...] Dites à l'Amérique, que nous ne nous agenouillons que devant Allah, devant autre qu'Allah nous ne nous agenouillons pas.»

Les deux organisations considérées comme «terroristes», l'Etat islamique et Al-Qaïda, sont des groupes rivaux aux tactiques et aux stratégies djihadistes différentes, notamment dans les attaques menées en Syrie, en Irak ou au Yémen.

Longtemps numéro deux d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri a été propulsé à la tête du groupe en 2011. Mais son règne a été marqué par un déclin important de l'organisation, tandis que l'Etat islamique a suivi une trajectoire inverse, conquérant de vastes territoires en Irak et en Syrie et multipliant les attentats dans le monde.

L'une des dernières apparitions en public d'Ayman al-Zawahiri remonte à juillet 2015. Des experts estiment qu'il vit reclus dans la zone frontalière entre le Pakistan et l'Afghanistan. L'étendue de son influence réelle sur Al-Qaïda est difficile à évaluer.

Lire aussi : Al-Baghdadi, tête de Daesh, appelle les kamikazes à «détruire les villes des infidèles»