Mugabe, un vieux briscard, toujours au top !
A 93 ans, Robert Mugabe a le swag dans la peau. Le président du Zimbabwe, en poste depuis que le pays est devenu indépendant en s'affranchissant de sa tutelle britannique en 1980, et qui aime s'afficher vêtu de chemises psychédéliques à son effigie, vient d'annoncer qu'il sera une nouvelle fois candidat à la présidentielle de 2018. Il aura alors 94 ans.
Si la santé du président zimbabwéen semble de fer, celle du pays connaît une passe difficile : économie en récession, corruption et manque de trésorerie ont contraint la banque centrale à introduire une nouvelle monnaie.
Qu'à cela ne tienne ! Le 17 décembre, le leader emblématique s'est exprimé devant la presse, vêtu une nouvelle fois d'une chemise floquée de son propre visage pour réclamer la fin des luttes intestines au sein de son parti, l'Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU-PF) afin de désigner son éventuel successeur.
«Nous sommes venus avec nos propres problèmes, que nous avons écoutés et entendus. Nous sommes également venus en sachant bien que nous avions des différences. Mais nous avons convenu que nos différends devraient cesser, ainsi que ces luttes inutiles», a déclaré Robert Mugabe, qui a dû faire face à des manifestations inédites dans le pays au cours de l'année 2016.
En juillet dernier, le président avait en effet été abandonné par certains de ses partisans, notamment les vétérans de guerre qui l'avaient soutenu lors des précédentes élections.
Malgré cela, il conserve un soutien inégalé au sein de la ZANU-PF. Et pour cause : à l'issue d'une conférence de deux jours qui s'est tenue le 17 décembre à Masvingo, à 300 km au sud de la capitale, Harare, les différentes entités du parti, notamment la fraction des femmes et des jeunes, ont martelé que Robert Mugabe resterait le seul candidat à participer aux élections de 2018 !
Dans l'une de ses résolutions, la Ligue de la jeunesse de la ZANU-PF a même déclaré que les limites du mandat présidentiel devraient être abolies et que Robert Mugabe devrait être tout simplement déclaré président à vie.
La première dame comme facteur évident du pouvoir
Ce succès, que certains pourraient qualifier de carrément despotique, le président du Zimbabwe, le doit notamment à sa femme, la première dame du pays, Grace Mugabe, de 42 ans sa cadette, mariée à lui depuis 20 ans exactement et qui s'affiche elle aussi avec des vêtements à l’effigie de son mari. Cette dernière affirme corps et âme que Dieu lui-même souhaite que son mari continue de diriger le Zimbabwe.
«Les gens pensent que je joue la comédie, mais ce n'est pas le cas» a-t-elle par exemple précisé au quotidien Herald, le 15 décembre, répondant à «beaucoup de Zimbabwéens» qui pensent qu'elle est en quelque sorte «cinglée».
Cependant, l'opposition ne cesse de tenter de décrédibiliser la première dame en rabâchant l'amour de cette dernière pour une vie dans un luxe démesuré, à des années lumière de ce que pourraient prétendre posséder les Zimbabwéens lambda. On parle notamment d'une bague en diamants d'une valeur de 1,4 millions de dollars (1,34 millions d'euro) qui lui aurait été offerte par son mari, en contact avec le joaillier libanais Jamal Ahmed.
Culte de la personnalité
Reconnaissable à sa fine moustache et à ses lunettes, le vieil homme continue de séduire une partie de l'opinion en tenant tête à l'Occident avec ses tirades anti-impérialistes et ses provocations.
Ses problèmes de santé sont scrutés de près et il a dû faire face, à plusieurs reprises, à des rumeurs annonçant son décès, dont la dernière, en septembre 2016.
En septembre 2015, il avait lu un discours identique mot pour mot à celui qu'il avait prononcé un mois plus tôt, manifestement sans s'en apercevoir.
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Quoi qu'il en soit, l'image de Robert Mugabe reste intacte et le président en place depuis bientôt 40 ans a de quoi se vanter. En septembre dernier, une statue à son effigie d'une dizaine de mètres de haut a été inauguré à Harare. Œuvre du sculpteur zimbabwéen Dominic Benhura, elle représente le président portant des lunettes de soleil.
Symbole d'éternité ou sarcasme ? Seul le peuple zimbabwéen pourra en décider lors des prochaines élections ...
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