Les statistiques publiées récemment par le ministère de l'Intérieur britannique montrent que la grande majorité des suspects arrêtés après avoir été accusé d’être en lien avec une entreprise terroriste au cours des 15 ans derniers ont finalement été libérés sans avoir été inculpés.
Sur les 3 349 suspects arrêtés en Angleterre et au Pays de Galles en vertu de la loi antiterroriste en vigueur au Royaume-Uni depuis les attentats du 11 septembre 2011, seuls 18% ont été réellement condamnés pour avoir planifié ou facilité des actes de violence à caractère terroriste.
Plus de 10% d’entre eux, bien qu’ayant été condamnés pour des faits de terrorisme, n’ont finalement pas été inculpés sur la base précise de ces accusations, mais sur d’autres chefs d'inculpation.
Il apparaît par ailleurs dans les statistiques que la majorité des personnes arrêtées étaient des musulmans britanniques.
Le porte-parole du ministère de l’Intérieur Lord Paddick, lui-même un ancien officier de police de haut rang, a déclaré au quotidien britannique The Guardian le 16 décembre que la police doit «rendre des comptes à propos de ces chiffres [car] il est extrêmement inquiétant d'observer une telle différence entre ceux qui ont été arrêtés et ceux qui par la suite ont été vraiment condamnés pour terrorisme».
L'ancien membre des forces antiterroristes de la police du Royaume-Uni David Videcette, a quant à lui indiqué au quotidien que ce faible taux de condamnation pourrait être lié au fait que certains renseignements utilisés pour arrêter les délinquants ne peuvent être utilisés dans un tribunal public car ils proviennent d'opérations secrètes.
Le ministère de l'Intérieur a pour sa part déclaré qu’une des questions clef était de savoir si la police et la justice devaient se prononcer sur le bien-fondé des cas individuels.
«Personne n'est arrêté sans motifs suffisants, mais la barre légale pour les infractions est à juste titre très élevée, ce qui signifie qu’effectivement beaucoup ne vont finalement pas être accusés ou condamnés», a déclaré le porte-parole.
Malgré la répartition démographique des chiffres, la police a insisté sur le fait que les pouvoirs antiterroristes étaient «appliqués de façon appropriée et proportionnelle» et ne «visaient pas une communauté spécifique».