L'ambiance est tendue aux Nations unies, presque à couteaux tirés. Vitali Tchourkine, ambassadeur de la Russie auprès des Nations unies, a rejeté les accusations de son homologue américaine, Samantha Power, estimant que cette dernière parlait «comme si elle était mère Teresa en personne». L'envoyé russe a en outre tenu à rappeler à Samantha Power quel pays elle représentait, évoquant son «lourd passif». «Je ne voudrais pas avoir à rappeler le rôle [des Etats-Unis et de ses alliés] dans la crise syrienne, lequel a eu de graves conséquences et ouvert un espace aux organisations terroristes en Irak et en Syrie.
Un peu plus tôt, Samantha Power s'en prenait avec gravité à la Russie : «Vous portez la responsabilité de ces atrocités. En refusant les initiatives d'évacuation de l'ONU et de la Croix-Rouge internationale, vous donnez le signal à ces milices qui massacrent des innocents de continuer à faire ce qu'ils font.»
Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a souligné pour sa part l'inaction, selon lui, des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni, en matière humanitaire : «Tandis que les pays occidentaux et leurs représentants se disaient prêts à envoyer de l'aide humanitaire à Alep-Est alors sous contrôle total des rebelles, il semblent qu'ils n'aient plus envie d'aider les habitants maintenant qu'ils ont été libérés par les forces gouvernementales».
La réalité des «massacres», qui auraient eu lieu lors de la chute des derniers quartiers tenus par les djihadistes et évoqués par Samantha Power ne sont pour l'heure étayés par aucune preuve solide. L'ONU elle-même a fait des déclarations contradictoires par le passé, parlant de plusieurs voix, en raison des multiples commissions et assemblées qui la composent. Selon la commission d'enquête sur la Syrie des Nations unies, des groupes rebelles empêcheraient les civils d'Alep-Est de s'enfuir, ce afin de les utiliser comme boucliers humains.
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