Du Wall Street Journal au Washington Post en passant par NBC News, de nombreux médias américains en font désormais le candidat le plus probable au poste de secrétaire d'Etat de Donald Trump, après avoir misé sur l'ex-maire de New York, Rudy Giuliani. Rex Tillerson, 64 ans, a pour particularité de ne pas être issu des rangs de la politique, mais du monde des affaires – et plus précisément du secteur pétrolier. Il est en effet Pdg d'ExxonMobil, géant américain du pétrole et du gaz, groupe qu'il a intégré en tant qu'ingénieur lorsqu'il avait une vingtaine d'années.
Un parcours de «self-made man» et de non-professionnel de la politique à même de soulever l'enthousiasme d'une partie des électeurs américains... Mais aussi la méfiance des élus républicains les plus «néoconservateurs» et anti-russes du Congrès. Rex Tillerson a, en effet, eu l'opportunité de développer des liens étroits aves les dirigeants russes dans le cadre de son activité professionnelle. Ainsi, en 2011, alors qu'il présidait déjà ExxonMobil, Rex Tillerson a décroché un contrat avec la société d'Etat russe Rosneft, lui fournissant des parts de projets énergétiques en Amérique du Nord en échange d'un accès à la région arctique russe octroyé à son propre groupe.
Ce partenariat russo-américain a même conduit, en 2013, le président russe, Vladimir Poutine, à décorer ce grand patron de l'ordre de l'Amitié, l'une des distinctions les plus prestigieuses accordées par la Russie à des citoyens étrangers.
Les accords conclus entre Exxon et la Russie ont néanmoins souffert du refroidissement des relations entre Washington et Moscou ces dernières années, les sanctions économiques imposées par les Etat-Unis à la Russie, en raison de la crise ukrainienne, ayant coûté environ 1 milliard de dollars au groupe américain... C'est donc assez logiquement que Rex Tillerson s'est fait l'un des partisans les plus ardents, au sein du monde des affaires américain, d'une normalisation des relations économiques entre la Russie et les Etats-Unis.
Un tel réchauffement diplomatique, justement, fait partie des promesses de campagne du président-élu Donald Trump en matière de politique étrangère.
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Si la nomination de Rex Tillerson n'est encore ni officielle ni même certaine, le futur locataire de la Maison Blanche a déjà tenu à souligner les talents du Pdg : «L'un de ses grands avantages, selon moi, est qu'il connaît de nombreuses personnes qui comptent dans le monde et qu'il les connaît bien», a-t-il indiqué le 11 décembre à Fox News. «Il fait des affaires de très grande envergure avec la Russie, pour son entreprise, et non pour lui», a-t-il précisé.
L'idée d'une telle nomination est toutefois loin d'enthousiasmer tout le monde, dans le camp du président élu. Marco Rubio, membre républicain du comité des Affaires étrangères au Sénat, a ainsi tweeté : «Etre un ami de Vladimir [Poutine] n'est pas un attribut [attendu du futur chef de la diplomatie américaine]».
De même, le sénateur et candidat républicain malheureux à l'élection présidentielle de 2008, John McCain, connu pour être un des «faucons» du camp républicain, a déclaré à la chaîne CBS redouter que Rex Tillerson ne soit pas capable de peser sur «la vision qu'a Trump de Vladimir Poutine et de la menace russe». En d'autres termes, que la russophilie du président Trump «s'aggrave» en compagnie d'un tel secrétaire d'Etat.
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