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Négociations sur Alep : «du progrès» mais toujours pas d’accord entre Moscou et Washington

Démentant toute rumeur d'un possible accord entre la Russie et les Etats-Unis sur l’évacuation des rebelles dits «modérés» d'Alep-Est, la diplomatie russe a déclaré que Washington posait «des conditions inacceptables».

«Il y a du progrès mais aucun accord n’a encore été conclu… nous faisons toujours face au fait que le Etats-Unis essayent d’utiliser ces négociations pour influer sur la situation sur le terrain à leur propre avantage», a expliqué le vice-ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Riabkov. Il a néanmoins ajouté qu'on percevait à Genève un certain progrès dans les échanges.

Du côté américain, la responsable du service de presse du département d’Etat, Elizabeth Trudeau, a aussi déclaré à l’issue de la réunion qu’elle n’avait «rien à annoncer pour le moment».

Les aléas médiatiques de l'accord russo-américain sur Alep 

Les consultations entre la Russie et les Etats-Unis se sont tenues les 10 et 11 décembre à Genève. La question la plus sensible a été celle de l’évacuation de l’opposition dite «modérée» d'Alep-Est.

Dans la matinée du 11 décembre, plusieurs médias européens annonçaient, citant Reuters, un accord conjoint qui envisageait de «permettre aux combattants munis d'armes légères de quitter le secteur, actuellement soumis à une offensive des forces gouvernementales syriennes et de ses alliés». Cette évacuation, présentée, d’après Reuters comme «sûre» et «digne», devait être menée sous supervision des Nations unies et s'étendre sur une période de 48 heures. Mais, quelques heures plus tard, le vice-ministre russe de la Défense a démenti ces informations.

«Les informations diffusées par les agences occidentales ne sont pas toujours vraies […] Le départ des terroristes fait l'objet de consultations spécifiques avec les Etats-Unis. Nous ne sommes pas encore parvenus à une entente parce que les Etats-Unis insistent sur des modalités inacceptables de cessez-le-feu et d'arrêt des hostilités qui garantiraient une liberté de déplacement totale pour les adversaires des troupes gouvernementales syriennes», a indiqué Sergueï Riabkov.

Il a rappelé, aussi, que la Russie et ses militaires engagés dans l'opération en Syrie œuvraient depuis longtemps pour garantir la sécurité de ceux qui se trouvaient à Alep. «Je ne comprends pas à quelles sources d'information ont recours ceux qui cherchent à bouleverser l'espace médiatique», a-t-il précisé.

Le 3 décembre, lors de la rencontre entre Sergueï Lavrov et John Kerry à Rome, le secrétaire d’Etat américain avait fait des propositions pour un retrait des forces djihadistes de la ville d’Alep qui, d’après Moscou, étaient conformes aux approches des experts russes. Le chef de la diplomatie russe avait même précisé que la proposition de John Kerry mentionnait des itinéraires concrets et des délais durant lesquels tous les rebelles, sans exception, quitteraient Alep-Est.

Pourtant, deux jours après les Américains s'étaient rétractés, proposant un nouveau projet, qui avait été qualifié par la Russie de «marche arrière» et de «tentative de faire gagner du temps aux combattants de l’opposition dite modérée, de les laisser reprendre leur souffle et se ravitailler».

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