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Le Washington Post admet que son article sur «la propagande russe» se base sur des sources douteuses

Faisant face à des menaces de poursuites judiciaires, The Washington Post a dû ajouter une note de la rédaction le distanciant d’un site douteux, PropOrNot, sur lequel le journal s’était basé pour citer des experts sur «la propagande russe».

Le quotidien américain The Washington Post a suscité la critique sur les réseaux sociaux pour son article au titre provocateur : «L’effort de propagande russe a essayé de propager de fausses nouvelles lors des élections, disent des experts» et publié fin novembre. L’article se référait à des «chercheurs indépendants» qui affirmaient que des médias russes, dont RT et l’agence de presse Sputnik, avaient produit «des articles trompeurs ayant pour but de dénigrer la démocrate Hillary Clinton, d’aider le républicain Donald Trump et miner la confiance en la démocratie américaine».

Une des sources principales citées par The Washington Post était PropOrNot, «une équipe indépendante de citoyens américains concernés» qui selon le journal, «consacrent leur temps et compétences bénévolement pour identifier la propagande, surtout la propagande russe ciblant l'audience américaine».

Après la publication de cet article ne présentant aucune preuve, le journal a reçu une lettre d’un des sites mentionnés, accompagné de menaces de poursuite pour diffamation, Naked Capitalism. «Si le site manque apparemment de respect pour des choses qui peuvent être vérifiées, pourquoi The Washington Post et ses idiots utiles des médias de masse ont-ils validé et amplifié son message ?», lit-on dans cette lettre écrite par l’avocat représentant le site Jim Moody. Selon lui, le journal américain «n’a fourni aucun exemple de "fausses nouvelles" qui auraient été distribuées ou promues par Naked Capitalism».

Le journaliste Glenn Greenwald, connu pour avoir rendu publiques les révélations d’Edward Snowden, a qualifié The Washington Post d’«ordure journalistique totale».

L’auteur de l’article du journal américain, Craig Timberg, n’a même pas ajouté un hyperlien vers le site PropOrNot. «Si des lecteurs avaient l'opportunité de visiter le site, ils se seraient tout de suite rendu compte que ce groupe de prétendus experts ressemblait plutôt à des colporteurs amateurs de clichés propagandistes qu'à une analyse et expertise sérieuse et complète», a commenté Glenn Greenwald sur le site The Intercept, à propos de l’article du Washington Post.

Un hyperlien au rapport PropOrNot a cependant été ajouté dans une mise à jour.

Après une avalanche de commentaires négatifs sur les réseaux sociaux et des accusations de mensonge, l’article douteux a été élargi.

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«The Washington Post du 24 novembre a publié un article sur le travail de quatre groupes de chercheurs qui ont examiné ce qu’ils qualifient d'efforts de la propagande russe visant à miner la démocratie et les intérêts américains. L’un d’entre eux, PropOrNot, un groupe insistant sur l’anonymat public qui a émis un rapport identifiant plus de 200 sites, qui de son point de vue avaient publié volontairement ou non de la propagande russe… The Washington Post, qui n’a nommé aucun de ces sites, ne se porte pas garant de la véracité des découvertes de PropOrNot concernant un média en particulier, ce qui n'était pas le but de cet article. Depuis la publication du Washington Post, PropOrNot a retiré plusieurs sites de sa liste», a écrit le journal pour se justifier.