Les rebelles syriens ne sont plus «un espoir» pour les Etats-Unis
Depuis le début du conflit en Syrie, les Etats-Unis ont eu pour objectif de voir des rebelles syriens au sein d'un gouvernement de transition et ouvertement soutenu les rebelles syriens dits modérés luttant contre Bachar el-Assad en leur fournissant des armes et de l'argent. Mais maintenant que l’armée syrienne multiplie les conquêtes à Alep et contrôle plus de 60% de la ville et 85% des quartiers Est, cette perspective semble devenir de plus en plus lointaine. «La chute d’Alep-Est confrontera les Etats-Unis à la réalité que le soutien d’une opposition modérée avec l'espoir qu’elle fasse partie d'un futur gouvernement syrien n’est plus d'actualité», a déploré à Reuters un ancien haut analyste du renseignement américain, Paul Pillar.
La défaite des rebelles étant le scenario le plus probable, certains experts américains ne s'en cachent plus. «Qui a gagné ? Poutine, les Iraniens et Assad. Qui a perdu ? Nous et spécialement la Jordanie [où la CIA a formé et armé des rebelles modérés comme l’explique Reuters], les Saoudiens et certains Etats du Golfe», a confié à Reuters un responsable américain qui a souhaité conserver son anonymat.
Reste que les responsables cités par Reuters s'accordent pour constater que des pays arabes continueront à soutenir les rebelles syriens. «Les Arabes ne les abandonneront pas [les rebelles] juste parce que nous le faisons», estime le responsable. Le deuxième expert anonyme va encore plus loin en redoutant que cette aide arabe se retourne contre Washington et ses alliés : des livraisons d'armes létales pourraient frapper des cibles occidentales.
«L’aide aux rebelles fera encore plus de morts»
Mais ils ne sont pas les seuls à dresser ce sévère constat envers la politique américaine en Syrie. Même le quotidien américain The New York Times, qui s’est toujours aligné sur la position de la Maison Blanche concernant la guerre en Syrie, a publié une tribune de l’ancien ambassadeur des Etats-Unis en Croatie, Peter W. Galbraith, qui dénonce l’ineptie du soutien américain aux rebelles syriens.«Il y a une idée absolument contre-productive favorisée par l’élite de la politique étrangère de Washington des deux partis, recyclée récemment par la secrétaire d’Etat sous le président Bill Clinton, Madeleine K. Albright, et par le conseiller de la sécurité nationale du président George W. Bush, Stephen J. Hadley, de fournir du soutien militaire supplémentaire à l’opposition syrienne modérée. Une telle aide ne peut plus changer le cours de la guerre, mais fera sans doute plus de morts», lit-on dans la tribune écrite par le diplomate dans le journal américain, pour qui cette rhétorique est plutôt inhabituelle.
L’auteur de l’article appelle même à coopérer avec la Russie. «Heureusement, la Russie partage de nombreux objectifs des Etats-Unis», explique-t-il.
Ces propos s’alignent pourtant avec ceux du nouveau président des Etats-Unis Donald Trump qui a exprimé à plusieurs reprises son intention de coopérer avec la Russie et Bachar el-Assad pour défaire Daesh.