Dans une déclaration au ton apaisant, le ministère marocain des Affaires étrangères a tenté de décrisper les relations entre le royaume chérifien et la Russie : «[Le Maroc] respecte le rôle et l’action de la Fédération de Russie [en Syrie] comme sur d’autres questions internationales.»
Par ailleurs, le communiqué précise que le Maroc demeure engagé en faveur «d’une solution politique qui garantisse la stabilité de la Syrie, préserve son unité nationale et son intégrité territoriale» et qu’il est aussi «préoccupé par les drames humains graves engendrés par la crise syrienne».
Cette déclaration est parue après la rencontre du 5 décembre entre le ministre marocain des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar et l'ambassadeur de Russie à Rabat, Valeri Vorobiev. Le communiqué du ministère précise que l'ambassadeur russe a exprimé la «préoccupation» de la Russie après «des déclarations médiatiques attribuées à un très haut responsable gouvernemental marocain accusant la Russie d'être responsable de la destruction de la Syrie».
Le «très haut responsable» en question n'est autre que le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, par ailleurs secrétaire général du parti islamiste vainqueur des élections législatives du 7 octobre. Interrogé le 30 novembre par l'agence de presse Quds Press, Abdelilah Benkirane avait estimé que ce que faisait subir le régime syrien à son peuple avec le soutien de la Russie, dépassait toutes les limites, en concluant par la question suivante : «Pourquoi la Russie détruit-elle la Syrie de cette façon ?»
Le chef du gouvernement marocain a par ailleurs été recadré de manière cinglante par Salaheddine Mezouar qui a estimé qu’un sujet «grave et complexe» ne pouvait faire l’objet «d’improvisations hasardeuses» ou «d’un avis personnel». Le communiqué du ministère a également rappelé que le roi Mohamed VI «était le garant de la constance et de la pérennité des positions diplomatiques du Royaume du Maroc».
Les importations marocaines de pétrole russe avoisinent 1,5 milliard d’euros alors que les exportations marocaines (poissons, fruits et légumes) à destination de la Russie ne dépassent pas 185 millions d’euros. Toutefois, à l'occasion de la visite du roi du Maroc à Moscou en mars 2016, la présidence russe avait déclaré : «Le sujet prioritaire est l’élargissement des relations économiques.»
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