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Un grand diplomate ? L’accord de l’OPEP aurait été rendu possible grâce à Vladimir Poutine

Le président russe en personne a-t-il joué un rôle crucial dans l’accord de l’OPEP sur une réduction de la production de pétrole ? C’est ce que révèle Reuters, pour qui Vladimir Poutine a négocié avec l’Arabie saoudite et l’Iran.

Le rôle de Vladimir Poutine dans la conclusion de l’accord de l’OPEP, qui prévoit la réduction du volume d’extraction du pétrole de 1,2 million de barils à 32,5 millions de barils par jour, a été crucial, rapporte Reuters en citant des sources proches des milieux concernés. Le président russe aurait ainsi été l'intermédiaire entre l’Arabie saoudite et l’Iran, dont les positions sur la réduction de l’extraction de brut ne coïncidaient pas.

Selon l’agence de presse, les efforts diplomatiques de Vladimir Poutine sur la conclusion de l’accord de l’OPEP ont commencé en septembre 2016 déjà. En marge du sommet G20 en Chine, le chef de l’Etat russe et le prince saoudien Mohammed auraient convenus de collaborer pour faire remonter les prix pour l’or noir, en baisse de plus de la moitié de leur valeur depuis 2014.

Reste que cet accord était menacé par la position de l’Iran, le troisième plus grand producteur, qui n'entendait pas réduire sa production. Depuis l'accord de juillet 2014 sur le programme nucléaire iranien, Téhéran est enfin autorisé à exporter à nouveau son pétrole. Des réunions de l’OPEP avaient échoué par le passé à cause de l'opposition frontale entre l'Arabie saoudite et la République islamique. Les guerres par procuration en Syrie et au Yémen auraient aussi aggravé les tensions entre le royaume sunnite et la république chiite.

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D’après Reuters, c’est là où Vladimir Poutine est intervenu et a profité de son charisme diplomatique pour convaincre les Saoudiens d’assumer la plus grande partie de la réduction de la production de brut et l’Iran de ne pas célébrer cette victoire sur Riyad. Sa conversation téléphonique avec le président iranien Hassan Rohani aurait arrondi les angles. Après cet appel, le président iranien et le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh, ont discuté de cette question avec l'ayatollah Ali Khamenei, selon une source proche du guide suprême iranien, qui a adouci sa position, mais a souligné encore une fois que Téhéran ne devait pas accepter de réduire sa production.

Lors de la réunion de l’OPEP, à Vienne, tout s’est déroulé comme prévu. Les Saoudiens ont accepté de réduire en conséquence leur production d'or noir, et Bijan Zanganeh, d’habitude combatif, a fait profil bas. Il a a seulement déclaré à la télévision iranienne : «Notre position était ferme. L’appel téléphonique entre Rohani et Poutine a joué un rôle majeur… Après cette conversation, la Russie a soutenu la limitation [de la production]».

Une source russe de Reuters a aussi souligné le rôle qu'avait joué Vladimir Poutine pour convaincre les sociétés pétrolières russes de réduire, elles aussi, leur production. «Poutine veut l’accord. Point barre. Des sociétés russes devront réduire l’extraction», a confié cette source à l’agence de presse.

Alors que les autorités russes n’ont pas confirmé ces informations, le vice-président de la société pétrolière russe Lukoil, Leonid Fedoune, a confirmé que Vladimir Poutine avait bel et bien pris part à la décision de l’OPEP de réduire sa production de pétrole.

La décision de l’OPEP sur la réduction de la production de pétrole a déjà influencé de manière positive le prix du baril. Celui du Brent [mer du Nord] a dépassé 53 dollars pour la première fois depuis la mi-octobre.

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