Des généticiens de Newcastle se disent aujourd'hui prêts à procéder à un traitement de remplacement des mitochondries (MRT) sur des femmes qui risqueraient de transmettre à leurs enfants une maladie génétique liée à des mutations affectant l’ADN des mitochondries.
Les médecins ont déjà sélectionné des patients et vont soumettre une demande pour utiliser le traitement dès que l'Autorité de fertilisation humaine et d'embryologie britannique (HFEA) donnera son feu vert. «Une fois que nous aurons l'accord de l'HFEA, nous soumettrons une demande pour recevoir un permis qui nous autorise à recevoir des dons de mitonchondrie», a expliqué Mary Herbert, professeur en biologie reproductrice à l'université de Newcastle.
Un article scientifique commandé par l'HFEA a conclu mercredi 30 novembre que le traitement devrait être approuvé pour une «utilisation clinique prudente» quand les enfants risquent d'hériter de la maladie génétique. L'année dernière, le Parlement britannique avait changé sa loi pour rendre légal le MRT, mais les scientifiques poursuivaient jusqu'à présent leurs tests pour évaluer la dangerosité du traitement.
Fécondation in vitro «à trois parents»
Familièrement baptisée fécondation in vitro «à trois parents», le traitement MRT consiste à remplacer dans l'ovule fécondé les petites structures appelées mitochondries, présentes dans toutes les cellules auxquelles elles fournissent l’énergie dont elles ont besoin. L’ensemble des mitochondries de l’embryon est d’origine maternelle.
L'enfant né avec MRT aurait donc les 46 chromosomes habituels de ses parents, plus l'ADN supplémentaire des mitochondries du donneur.
«Mon point de vue personnel, est que [le MRT] devrait être une option offerte [aux patients atteints de maladie génétique liées aux mitochondries]», rapporte Doug Turnbull, professeur en neurologie, pionnier du traitement. «Nous ne pouvons pas dire que cela abolit le risque de transmettre la maladie, mais c'est une stratégie pour le réduire», conclu t-il.
Le traitement n'est en effet pas infaillible. Des études récentes ont montré qu'une partie de l'ADN originel restait dans l'embryon traité par MRT et pouvait ressurgir lors de la croissance. L'enfant pourrait donc tout de même développer la maladie.
Un bébé né le 6 avril dernier a déjà bénéficié de ce traitement au Mexique, sous la supervision de médecins américains. En France, le Comité d’éthique de l’Inserm expliquait en 2014 qu’un tel traitement n'était pas envisageable, mais que la question se poserait surement dans les années à venir.