Les Canadiens «s'associent au peuple cubain dans le deuil» après le décès de Fidel Castro et «la perte d'un leader remarquable», a déclaré samedi 27 novembre le Premier ministre canadien Justin Trudeau. Une annonce officielle, à l'issu du décès du révolutionnaire et ex-dirigeant cubain, qui a déchaîné une averse de réactions indignées, parmi la classe politique canadienne et les utilisateurs des réseaux sociaux.
Le droite canadienne et américaine monte au créneau
«Je n'arrive pas à croire que notre Premier ministre exprime une "profonde tristesse" et considère comme un "ami" un dictateur méprisable qui a tué et emprisonné des milliers d'innocents et exilé plus d'un million de personnes», s'est ainsi exprimé sur Facebook le député conservateur Maxime Bernier, tandis que la députée du même mouvement Kellie Leitch, citée par l'agence AFP, a estimé avec amertume que le chef du gouvernement libéral «lisait un livre de contes de fées».
Le message d'hommage au Lider Maximo est même parvenu à choquer au-delà des frontières canadiennes, puisque l'élue de la Chambre des représentants américaine Ileana Ros-Lehtinen l'a qualifié de «lettre d'amour écœurante».
Similairement, sur Twitter, le sénateur de Floride (et ex-candidat malheureux à la primaire républicaine) Marco Rubio s'est demandé si l'annonce de Justin Trudeau, «honteuse et embarrassante», était une «parodie».
#TrudeauEulogies, ou les éloges funèbres satiriques
Sur le réseau social, un hashtag sarcastique faisant référence à la déclaration du Premier ministre canadien a fait son apparition : #trudeaueulogies («eulogy» signifiant éloge en anglais). Les internautes l'ont accompagné de fausses déclarations, visant à parodier les louages adressées à Fidel Castro par le dirigeant nord-américain. Par exemple : «Contre toute attente, le bien-aimé leader Kim Jong-il a fait face aux impérialistes et a nourri son peuple avec les portefeuilles de ses ennemis».
Ou encore : «Ousama Ben Laden était certainement une figure controversée, mais sa contribution à la sécurité des aéroports et sans équivalent.»
Des francophones se sont également prêtés au «jeu».
Il est à noter que Justin Trudeau est lui-même le fils d'un ancien Premier ministre canadien, Pierre Elliott Trudeau, qui avait été le premier dirigeant d'un Etat membre de l'OTAN à se rendre en Cuba, en 1976, en pleine guerre froide.
Le message de l'actuel chef du gouvernement canadien adressé à Fidel Castro n'est toutefois en rien exceptionnel – de nombreux dirigeants, dont le président français François Hollande ou le roi d'Espagne Felipe VI, se sont pliés à cet usage diplomatique, saluant la mémoire de l'ancien chef d'Etat cubain. En outre, Justin Trudeau a pris soin de noter que le père de la Révolution cubaine était une «figure controversée».
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