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«Résolution contre les médias russes» : pour la rédactrice en chef de RT, l’UE trahit ses principes

L’UE prétend apprendre la démocratie à la Russie et évoque la liberté d’expression comme principe fondamental mais le trahit elle-même, estime la rédactrice en chef de RT Margarita Simonyan, commentant la résolution de l’UE contre les médias russes.

«Je suis sans mot», a déclaré Margarita Simonyan face à la résolution de l’UE contre la prétendue propagande russe. «Je ne sais pour qui cela est le plus terrible, pour nous ou pour l’establishment européen qui trahit ses propres principes de liberté d’expression dont nous entendons parler depuis des décennies… Bien sûr, cela relève du deux poids deux mesures. C’est d'une effarante hypocrisie. Vous apprenez à tout le monde à vivre d’une certaine façon, et que vous vivez vous-même d'une autre, ayant peur d’entendre un autre point de vue», a déclaré la rédactrice en chef de RT.

La liberté d’expression serait donc devenue «un luxe superflu» dans l’Union européenne, alors que des voix différentes telles que la chaîne de télévision RT et l’agence de presse Sputnik ont gagné en popularité, a déploré Margarita Simonyan, ajoutant : «Ils ne comprennent pas qu’en prenant de telles petites mesures, conséquence du refus d’écouter une autre opinion, les Etats se transforment en dictatures aveugles et commencent des guerres dont personne n’a besoin», a-t-elle ajouté.

La rédactrice en chef de RT a également dénoncé l’ONG Reporters sans frontières (RSF), en disant que l’organisation sélectionnait des journalistes à protéger. «Reporters Sans Frontières ne fait plus semblant de protéger les journalistes du monde entier et a enfin reconnu protéger des reporters de son propre petit monde», a indiqué Margarita Simonyan en évoquant le refus de RSF de communiquer avec les médias appartenant à l’agence d’information Rossiya Segodnya.

La résolution votée par le Parlement européen le 23 novembre est intitulée «Communication stratégique de l’Union visant à contrer la propagande dirigée contre elle par des tiers». Ce document affirme que les médias russes «déforment la vérité, suscitent des doutes, divisent l’UE et ses partenaires d’Amérique du Nord, paralysent le processus décisionnel, discréditent les institutions de l’Union et les partenariats transatlantiques, provoquent la crainte et l’incertitude parmi les citoyen de l’UE». Le rapport qualifie la chaîne de télévision RT, l’agence de presse Sputnik, l’agence fédérale Rossotrudnichestvo et la fondation Russkiy Mir de purs outils de propagande.

L’agence de presse Sputnik a déjà déposé une plainte devant un certain nombre d’organisations, telles que l’ONU, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (l’OSCE), plusieurs organisations internationales de journalistes et des ONG pour faire face à cette limitation de la liberté d’expression.

Le président russe Vladimir Poutine a commenté cette résolution en la qualifiant de «dégradation politique de l'idée de démocratie» en Occident. «Tout le monde fait la leçon» à la Russie, a-t-il noté, faisant remarquer que, en matière de démocratie, les législateurs européens avaient eux-mêmes recours à des politiques de restrictions.