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Le Premier ministre tchèque annonce qu’aucun radar américain ne sera installé dans son pays

Par la voix de son Premier ministre Bohuslav Sobotka, la République Tchèque s’est opposée à l'installation d'un système radar américain sur son sol, initialement prévue dans le cadre du projet de «bouclier antimissile» en Europe.

Interrogé le dimanche 13 novembre sur les ondes de la radio tchèque CT à propos du déploiement possible d'un système radar américain en République tchèque, le Premier ministre Bohuslav Sobotka n'a pas mâché ses mots et a clairement déclaré son opposition à une telle entreprise.  

«C'est du domaine de la science-fiction et cela ne se produira jamais. Mon point de vue là-dessus est négatif. Je pense qu'aujourd'hui nos problèmes de sécurité sont ailleurs», a expliqué sans langue de bois Bohuslav Sobotka.

Le Premier ministre tchèque a rappelé que le radar américain avait été prévu initialement en 2009 pour contrer la menace d'une puissance iranienne potentiellement nucléaire. Le système radar est intégré dans le système de défense antimissile balistique que les Etats-Unis souhaitent construire en Europe de l'Est. Mais Bohuslav Sobotka souhaite un apaisement des relations avec la Russie et a souligné que les relations avec l'Iran étaient désormais marquées par une détente diplomatique. 

«Le radar [des Etats-Unis en République tchèque] signifierait une escalade de la tension dans les relations avec la Russie, tandis que nous avons besoin de profiter de l'opportunité offerte par l'élection de Donald Trump pour que les Etats-Unis et la Russie se mettent autour d'une même table. La fin de la guerre en Syrie est la question qui revêt maintenant la plus grande importance pour l'Europe. Sans mettre fin à la guerre en Syrie, nous ne pourrons arrêter le flux de réfugiés et qu'est-ce que nous pouvons leur proposer ? Les Etats-Unis disposent d'une influence notable sur la situation en Syrie, la Russie aussi, et il nous est nécessaire de l'utiliser», a déclaré Bohuslav Sobotka.

Alors que les Etats-Unis ont cité le danger représenté par l'Iran pour justifier le déploiement d'un bouclier antimissile en Europe, la Russie a de son côté insisté sur l'absence de confirmation de la menace iranienne et a souligné l'objectif d'encerclement de la Russie par ce système antimissile et la tentative de «neutralisation» de sa puissance nucléaire.  

L'accord signé par l'Iran sur le nucléaire en 2015 aurait pu remettre en cause la construction du système de défense antimissile américain en Europe. Les soupçons et inquiétudes russes ont été renforcés par la poursuite du développement du système de défense américain.   

D'abord développé sous Ronald Reagan, le projet américain de bouclier antimissile balistique en Europe, a été remis au gout du jour par l'administration de George W. Bush en 2002. Ce projet a provoqué une dégradation importante des relations avec la Russie en 2007 lorsque la Pologne et la République tchèque ont accepté d'accueillir des bases de lancement de missiles sur leur territoire, en dépit des protestations de Moscou. Les Tchèques se sont néanmoins retirés depuis de ce projet américain de défense antimissile.

Le projet de bouclier antimissile a évolué depuis 2008 et la présidence de Barack Obama. Désormais, des navires pourvus de missiles Aegis patrouillent depuis l'Espagne. La Roumanie et la Pologne ont été équipées en missiles et la Turquie, l'Allemagne et d’autres pays membres de l'OTAN fournissent des capacités radar.

En mai 2016, les Etats-Unis ont alloué 800 millions de dollars à la Roumanie pour la construction d'un bouclier antimissile dans le pays. Une base militaire en Pologne viendra également compléter la partie orientale du système antimissile américain en Europe, qui sera opérationnel à partir de 2018.

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