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Un think-tank allemand préconise une plus grande indépendance de l'Europe vis-à-vis des Etats-Unis

L'Institut allemand pour les relations et la sécurité internationales préconise une indépendance accrue de l'Allemagne et de l'Europe par rapport aux Etats-Unis, «quelle que soit l'issue du scrutin présidentiel» du 8 novembre.

Publié début novembre, le rapport de l'Institut allemand pour les relations et la sécurité internationales (SWP) établit la nécessité d'une «politique étrangère allemande et européenne plus offensive, quelle que soit l'issue des élections américaine».

L'hypothèse d'une victoire de Donald Trump exige, selon le groupe de recherche, que l'Europe «se prépare à imposer ses intérêts économiques et géopolitiques avec plus d'indépendance vis-à-vis des Etats-Unis et, si nécessaire, contre ces derniers».

Toutefois, une victoire d'Hillary Clinton nécessiterait tout autant, selon le rapport, une «réorientation stratégique» des relations transatlantiques. «L'Allemagne ne doit pas laisser la responsabilité de l'organisation politique du monde aux seuls Etats-Unis», recommandent les chercheurs.

Le rapport du SWP constate en effet que certaines opérations conduites sous l'égide de Washington, par des présidents républicains comme démocrates, comme l'invasion de l'Irak en 2003 ou l'intervention saoudienne en cours au Yémen, sont «contre-productives pour un équilibre stable dans le monde».

Si de telles interventions devaient à nouveau avoir lieu, il importerait à l'Allemagne «de prendre position et de défendre ses propres vues en amont», estime le rapport, qui précise que cela pourrait se faire «éventuellement avec l'Europe». Cette dernière option, présentée comme une simple éventualité, impliquerait de la part des autorités allemandes la volonté d'opérer un retour marqué sur la scène internationale.

Plusieurs signaux laissent augurer que tel pourrait être le cas. Depuis quelque temps, en effet, l'Allemagne semble reconsidérer son rôle diplomatique et militaire dans le monde, après une longue période de retrait volontaire qui remonte à la fin de la Seconde Guerre mondiale. En juin dernier déjà, un article publié par le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, intitulé Le nouveau rôle mondial de l'Allemagne remettait en question la pertinence d'un leadership américain exclusif, tout en plaidant pour des ambitions allemandes assumées sur la scène internationale.