Jeudi 3 novembre, s'exprimant devant des étudiants canadiens par visioconférence depuis la Russie, où il a trouvé asile, Edward Snowden a réagi au scandale des journalistes que la police du Québec a avoué avoir mis sur écoute, en dénonçant une «atteinte extrême» à la liberté de la presse.
«Désormais, la police peut décider qu'elle n'aime pas le travail d'un journaliste, et accéder au GPS de son téléphone, contrôler chacun de ses mouvements, obtenir la liste des personnes avec qui il a été en contact», a-t-il développé. «Nous sommes tous surveillés, peu importe que ce que nous faisons soit bien ou mal», a-t-il ajouté en guise d'avertissement.
De son côté, la police canadienne a indiqué que la mise sur écoute de sept journalistes québécois en 2013, afin de remonter le fil de leurs sources, était un «cas exceptionnel». Le chef de la police a ajouté que s'il était «conscient de l'importance de la liberté de la presse», ses équipes avaient tout de même «un boulot à faire». Il se défend des accusations portées contre lui en rappelant que les journalistes concernés enquêtaient sur des exactions commises par des policiers, et que le fait de pouvoir retrouver leurs sources était utile à l'enquête en cours.
Ces arguments n'ont pas semblé convaincre Edward Snowden, pour qui le chef de la police canadienne aurait tout simplement dû présenter sa démission. «Il aurait dû admettre être allé trop loin, et assumer ses responsabilités jusqu'au bout en démissionnant», a-t-il déclaré.
Edward Snowden, à qui les dirigeants américains ne semblent toujours pas pardonner ses révélations, a l'habitude de dénoncer les dérives de la surveillance de masse et son impact sur la démocratie. «Nous sommes en train d'inverser le rapport qui existait jusqu'ici entre des citoyens privés et des dirigeants publics, et dans ce meilleur des mondes, nous avons désormais des dirigeants privés et des citoyens publics»,a-t-il dénoncé. Selon lui, «les technologies sont en train de dépasser la démocratie».