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L'Irak avertit la Turquie qu'il ne tolérera aucune incursion sur son territoire

Le gouvernement irakien a haussé le ton face aux prétentions turques d'intervention dans le nord de l'Irak. La Turquie entend toujours participer aux opérations contre Daesh et se dit inquiète de possibles exactions de la part des milices chiites.

Le 1er novembre, le premier ministre irakien Haider al-Abadi a averti la Turquie qu'elle serait traitée en «ennemi» si elle provoquait un affrontement dans le nord de l'Irak, tout en affirmant qu'il ne souhaitait pas la guerre avec Ankara.

«Nous ne voulons pas la guerre et nous ne voulons pas d'affrontement», a affirmé le Premier ministre irakien sur la télévision irakienne.

«Mais en cas d'affrontement, nous sommes prêts. Nous considérerons [la Turquie] comme un ennemi et nous nous en occuperons comme tel», a prévenu Haider al-Abadi.

L'Irak réclame en effet que la Turquie retire ses troupes stationnées sur une base au nord de Mossoul, à Bachiqa, où elles effectuent officiellement des missions de formation auprès de combattants volontaires irakiens sunnites.

L'armée irakienne, appuyée par la coalition dirigée par les Etats-Unis, a lancé une offensive pour reconquérir Mossoul, la «capitale irakienne» de l'Etat islamique, mais sans l'aide de la Turquie.

La Turquie a cependant envoyé le 1er novembre également, un convoi militaire d'une trentaine de véhicules transportant notamment des chars et des pièces d'artillerie vers une zone proche de la frontière avec l'Irak, ont rapporté des responsables militaires.

Ankara a indiqué à plusieurs reprises qu'il entendait jouer un rôle dans le cadre de l'offensive sur la ville irakienne de Mossoul contre le groupe Etat islamique (EI), mais Bagdad a toujours fermement refusé l'implication de son voisin, dénonçant même une «force d'occupation».

La Turquie dit craindre des exactions de la part des milices chiites irakiennes

Selon le ministre turc de la Défense, Fikri Isik, le déploiement des forces turques s'explique par des «développements régionaux importants», en référence à l'offensive sur Mossoul et aux opérations turques contre les rebelles kurdes dans le sud-est de la Turquie.

«La Turquie se prépare à l'avance pour tout ce qui peut arriver», a-t-il ajouté, cité par l'agence gouvernementale Anadolu.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait lui aussi prévenu le 30 octobre que son pays pourrait être amené à prendre des mesures. Il faisait allusion au cas où les unités paramilitaires de la Mobilisation populaire – dominées par de puissantes milices chiites soutenues par l'Iran et chargées par Bagdad de couper l'axe reliant la frontière syrienne et Mossoul – se mettraient à semer la terreur dans la ville de Tal Afar, où réside une importante communauté turkmène.

Ankara redoute par ailleurs que des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation qu'elle considère comme «terroriste» et qu'elle combat dans le sud-est du pays, majoritairement peuplé de Kurdes, s'implantent dans la région de Sinjar (nord de l'Irak).

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