S'inscrivant dans une stratégie médias plus large, le groupe Pussy Riot sort un clip anti-Donald Trump, intitulé tout simplement Make America Great Again, reprenant le slogan de campagne du candidat républicain.
Le clip, lequel dure cinq bonnes minutes, inclut des scènes de nudité partielle, de viol simulé et d'examens médicaux intrusifs. La protagoniste du clip, Nadejda Tolokonnikova, y incarne successivement une présentatrice télé, une jeune femme russe malmenée par des hommes en uniforme, un juge, une figure présidentielle et une policière.
Posant ainsi un personnage ambigu qui se fait tour à tour victime et bourreau, elle enferme le spectateur dans un dilemme tout pavlovien, puisque ce dernier est supposé être partagé entre désir et culpabilité – entre position de maître et d'esclave.
Nadejda Tolokonnikova articule ainsi des codes empruntés aux pratiques sadomasochistes avec d'autres, glamour, venant de la publicité. Le clip, «sexy», lascif ou libidineux selon les avis, reprend ainsi la symbolique de la domination sexiste que certaines féministes dénoncent, à savoir la promotion d'une plastique parfaite au détriment des «corps différents». Et le consentement de la femme qui accepte de se transformer en objet sexuel selon les injonctions masculines.
Donald Trump et la Russie, dangers pour la «démocratie» ?
Avec ses mensurations idéales, la féministe-chanteuse alerte ainsi l'opinion sur les dangers totalitaires que représenteraient l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis : un monde où l'arbitraire policier et le racisme menaceraient la démocratie (de marché) et une vraie-fausse libération sexuelle, laquelle passe essentiellement par une marchandisation de la sexualité et des pratiques sexuelles.
La sortie des Pussy Riot, parfaitement intégrées et promues par les médias mainstream, n'est pas étonnante, celles-ci permettant de faire d'une pierre deux coups en raison de leurs démêlés avec la justice russe. Une façon d'enfoncer le clou du mythe de l'intrusion de la Russie dans la campagne présidentielle américaine et d'accréditer la thèse d'une origine russe aux piratages des comptes mails d'Hillary Clinton et du Parti démocrate, affaire qui donne du fil à retordre à l'équipe de campagne de la candidate démocrate. Des accusations qui non seulement sont régulièrement démenties par les autorités russes, comme par le lanceur d'alerte Wikileaks, mais qui n'ont de plus jamais été prouvées.
Inspiratrices des Femen en France, les Pussy Riot ont en commun avec ces dernières de vivre des subsides du milliardaire George Soros via son ONG, la National Endowment for Democracy (NED). Laquelle est majoritairement financée par le Congrès des Etats-Unis.
Alexandre Keller