Les conclusions du rapport des enquêteurs «sont pleines de contradictions et donc ne sont pas convaincantes», a déclaré l'ambassadeur russe auprès des Nations unies Vitali Tchourkine lors d'une réunion du Conseil de sécurité.
Dans leur dernier rapport, les enquêteurs avaient accusé la Syrie d'avoir eu recours par trois fois à des armes chimiques contre sa population en 2014 et 2015.
Les ambassadeurs des quinze pays du Conseil se sont réunis à huis clos pour étudier ce rapport.
Les conclusions du document «dans la plupart des cas ne sont pas soutenues par des témoignages suffisants ou des preuves matérielles», a déclaré l'ambassadeur russe à ses collègues, selon un compte-rendu de ses remarques.
Il a également rejeté l'idée de sanctionner Damas, pourtant défendue par la France et par le Royaume-Uni. «Les conclusions ne sont pas définitives, n'ont pas force de loi et ne peuvent pas servir [...] à prendre des décisions juridiques», a-t-il affirmé, accusant les enquêteurs d'avoir «outrepassé leur mandat» en suggérant des sanctions.
Devant la presse après la réunion, il a été encore plus clair: «Il n'y a tout simplement pas de preuve suffisante pour prendre des mesures punitives.»
Il a aussi estimé qu'il ne fallait pas se précipiter pour prolonger le mandat de l'équipe d'enquêteurs, qui expire le 31 octobre, comme le souhaitent pourtant Paris et Londres.
Le Conseil de sécurité avait créé cette commission d'enquête en août 2015 pour déterminer qui avait perpétré une série d'attaques chimiques présumées en Syrie en 2014 et 2015.
La commission d'enquête du Conseil de sécurité avait précédemment accusé le groupe djihadiste Etat islamique d'avoir utilisé du gaz moutarde dans le nord de la Syrie, en août 2015.
Vitali Tchourkine a suggéré que si le mandat de la commission devait être prolongé, il devrait se pencher davantage sur «les aspects anti-terroristes de son travail», c'est-à-dire sur les soupçons pesant sur des groupes d'opposition extrémistes, et qu'il devrait aussi enquêter dans d'autres pays de la région.
S'exprimant devant des journalistes avant la réunion, les ambassadeurs français et britannique avaient réclamé avec véhémence que le Conseil prenne des sanctions contre Damas.
En savoir plus : Le top 10 des mensonges occidentaux sur le conflit syrien