Une passe d'armes a eu lieu lors de la réunion du Conseil de sécurité ce 27 octobre entre Stephen O'Brien, chef adjoint et responsable des opérations humanitaires de l’ONU et Vitali Tchourkine, l'ambassadeur de la Russie détaché aux Nations unies.
Le premier a cité des poèmes de l’écrivain écossais Robert Burns pour illustrer la pause humanitaire entamée par Moscou et Damas à Alep. «En Syrie, on observe une attitude inhumaine de l’homme vers un autre homme», a-t-il souligné en ajoutant que les conséquences du cessez-le-feu sur la population avaient été «horribles».
Si nous avions besoin d’un sermon, nous irions à l’église. Si nous voulions écouter des poèmes, nous nous rendrions au théatre
«Cette tactique est aussi évidente qu'inacceptable. On largue des tracts depuis des avions, en demandant aux habitants de fuir immédiatement Alep-Est s'ils ne veulent pas être exterminés. [...] Les civils sont bombardés par les forces syriennes et russes et s'ils survivent, ils mourront de faim le lendemain», a-t-il précisé.
L'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine a ensuite vivement réagi, en accusant Stephen O'Brien d'avoir tenu des propos «malhonnêtes» et de s'être montré «arrogant».
«Stephen O'Brien, si nous avions besoin d’un sermon, nous irions à l’église. Si nous voulions écouter des poèmes, nous nous rendrions au théatre. Mais en invitant les responsables du sécrétariat à une rencontre du Conseil de sécurité de l’ONU, nous nous attendons une analyse objective de ce qui se passe. Il parait évident que vous avez échoué», a déclaré Vitali Tchourkine.
«Vous prenez le parole pour nous déclamer un beau récit. Vous devez rapporter sur l’état actuel de choses. Vous avez déclaré que les résidents de l’est d’Alep s'attendent à ce que des armes chimiques explosent au-dessus de leurs têtes. Montrez au moins une preuve ou laissez les récits de ce type pour un roman que vous écrirez plus tard», a poursuivi l’ambassadeur russe.
L'ambassadeur russe accuse l'ONU d'avoir fait échouer l'évacuation des civils à Alep
Plus tôt dans la journée, ce dernier avait regretté l'absence «d'opération d’évacuation des malades et des blessés». «On les a livrés à eux-mêmes», avait-t-il encore ajouté, avant de reprocher à l’organisation de ne pas avoir influencé «proprement» les «sponsors» des groupes armés illégaux ni d'avoir réussi à les convaincre de coopérer avec les agents médicaux déployés sur place.
Les sponsors «des groupes retranchés dans la partie est d’Alep ne pouvaient ou ne voulaient influencer de manière positive les combattants et les convaincre de cesser le feu, de libérer les civils et de quitter la ville eux-mêmes», avait-t-il encore évoqué, ajoutant que leur approvisionnement en armes n’avait pas cessé.
Une pause humanitaire a été instaurée à Alep le 20 octobre, Moscou et Damas s'étant accordés pour ne faire aucun raids aériens pendant huit jours. D’après les estimations, seule une cinquantaine de résidents de la ville a réussi à quitter la ville grâce à six corridors humanitaires ouverts.
Le responsable des opérations humanitaires de l'ONU Stephen O'Brien a, pour sa part, accusé Damas et deux groupes armés, Ahrar al Cham (ex-Front al-Nosra) et Nureddin Zenki, d'avoir empêché les efforts de l'ONU pour évacuer les blessés d'Alep-est.
Ahrar al Cham et Nureddin Zenki n’ont pas été encore reconnus officiellement par les Nations unies comme des organisations terroristes.