«La maison d'Hitler va être détruite. Les fondations pourront être conservées mais un nouveau bâtiment sera érigé», a tranché le ministre de l'Intérieur Wolfgang Sobotka, dans une interview au quotidien autrichien Die Presse. Le nouvelle construction aura un usage «administratif ou éducatif».
L'Autriche entend ainsi mettre fin à plusieurs années de bataille juridique et de débats sur le sort de cet encombrant héritage dans un pays où, contrairement à l'Allemagne, le travail de mémoire sur la période nazie a été entamé tardivement.
La maison située dans le centre de Braunau-am-Inn, dans le nord du pays, à la frontière allemande, est inoccupée depuis 2011 et attire régulièrement des neonazis, selon plusieurs témoignages, tout comme des rassemblements antifascistes.
Avant de voir tomber la façade jaune de la grosse bâtisse où Hitler est né le 20 avril 1889 et où il a vécu trois ans, le gouvernement autrichien va néanmoins devoir mener à terme la procédure d'expropriation à laquelle il s'est résolu, faute de conciliation avec la propriétaire, Gerlinde Pommer.
Gerlinde Pommer, qui observe depuis plusieurs années un silence médiatique absolu, ne s'est jamais exprimée publiquement sur son litige avec l'Etat.
Sa famille possède les lieux depuis plus d'un siècle, hormis une courte interruption pendant la période nazie où elle avait vendu la maison natale du dirigeant nazi à Martin Bormann, éminence grise d'Hitler.
En 1972, l'Etat autrichien, déjà soucieux d'éviter toute commémoration neonazie autour du lieu, avait signé avec Gerlinde Pommer un bail stipulant que le bâtiment ne pouvait servir qu'à des usages socio-éducatifs ou administratifs.
C'est ainsi que la maison d'Hitler, comme on l'appelle, a été durant plusieurs décennies un centre d'accueil pour personnes handicapées -une catégorie de la population qui avait été victime du régime nazi.
Bataille juridique
Locataire depuis près de 45 ans, pour un montant actuel de 4 800 euros par mois, l'Etat autrichien a vu ce coûteux accord prendre fin devant le refus de Gerlinde Pommer d'accepter des travaux de remise aux normes indispensables.
Depuis 2011, l'administration publique s'acquitte ainsi des frais d'un bâtiment vide et a fini par perdre patience.
Un projet de loi d'expropriation a été formulé en juillet afin que l'Etat autrichien récupère ce bien et en dispose à sa guise.
Le texte sera présenté en commission parlementaire mardi 18 octobre, a indiqué lundi le ministère de l'Intérieur qui espère un vote du parlement d'ici la fin de l'année.