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Le président philippin lâche les Etats-Unis et souhaite se rapprocher de Moscou et Pékin

Rodrigo Duterte, à la tête des Philippines depuis le mois de juin 2016, est disposé à mener des exercices militaires avec la Chine et la Russie. Le tout en précisant qu’il ne permettrait plus de manœuvres conjointes avec les Etats-Unis.

Rodrigo Duterte confirme le virage à 180 degrés de la politique étrangère des Philippines entamé depuis son accession au pouvoir. Alors qu’il s’exprimait lors d'un entretien avec la chaîne hongkongaise Phoenix Television avant une visite de quatre jours à Pékin, il a confirmé le refroidissement des relations bilatérales avec les Etats-Unis.

A la question de savoir s’il songeait à mener des exercices militaires avec la Chine et la Russie, il a répondu : «Oui, je l'envisage. J'ai donné suffisamment de temps aux Américains pour jouer avec les soldats philippins». Avant de se montrer catégorique quant à la fin des exercices conjoints avec les Etats-Unis. Les exercices américano-philippins qui se sont achevés récemment «seront les derniers. C'est programmé. Je ne veux pas que mes soldats soient humiliés», a-t-il ajouté.

Ces déclarations sont d’autant plus importantes qu’elles représentent un changement radical de la politique étrangère de l’archipel asiatique. Jusqu’à l’accession au pouvoir de Rodrigo Duterte, les Etats-Unis étaient le principal allié et fournisseur d'équipements militaires des Philippines.

Les critiques successives de Washington envers la guerre antidrogue menée par l’ex-avocat devenu président ont largement contribué à la dégradation des relations entre les deux pays. Le 5 septembre dernier, Rodrigo Duterte était même allé jusqu’à traiter Barack Obama de «fils de pute». Il rappelle à l’envi que les Etats-Unis sont une puissance «sur le déclin». A contrario, le président philippin multiplie les déclarations positives envers Pékin et Moscou qui, selon lui, lui ont témoigné du «respect».

Rapprochement avec la Chine

Sous le règne du prédécesseur de Rodrigo Duterte, Benigno Aquino, les relations diplomatiques entre la Chine et les Philippines s’étaient fortement détériorées. En plus d’avoir autorisé un renforcement de la présence militaire américaine dans l'archipel, l’ex-président philippin avait contesté devant la Cour permanente d'arbitrage de la Haye les prétentions chinoises en mer de Chine méridionale : enjeu diplomatique au cœur des tensions entre les deux puissances asiatiques. En juillet, la juridiction internationale avait donné raison aux Philippines. Un jugement rejeté par Pékin.  

Rodrigo Duterte compte adopter une stratégie totalement différente. Fini l’affrontement, place au rapprochement. Pour témoigner de sa bonne foi, il a déclaré qu'il n'entendait pas faire usage de cette décision de la juridiction internationale pour faire pression sur Pékin.

Lors de sa visite en terre chinoise qui débutera le 18 octobre, il sera accompagné par des centaines d'hommes d'affaires. D'après les médias philippins, des accords pesant des milliards de dollars devraient être annoncés à cette occasion.

Le président Duterte a affirmé qu'il chercherait à acquérir du matériel militaire chinois «pas en [grande] quantité», ainsi que des vedettes rapides pour combattre le «terrorisme».