«Je voudrais voir des manifestations devant l'ambassade de Russie», a déclaré Boris Johnson devant les députés britanniques, lors d'un débat au parlement au cours duquel plusieurs députés ont accusé Moscou de crimes de guerre en Syrie, ajoutant que face aux raids aériens menés par les Russes contre Alep, les capacités d'indignation s'épuisent partout dans le monde.
«Il me semble que le sentiment d'horreur n'est pas à la hauteur chez les groupes pacifistes», a estimé le ministre conservateur, avant d'appeler à des manifestations devant la représentation diplomatique russe.
«Où sont passés les militants de Stop the War Coalition ? Où sont-ils ?» s'est-il exclamé, en référence à l'organisation pacifiste co-fondée par le chef du parti travailliste d'opposition Jeremy Corbyn pour manifester contre les guerres en Afghanistan et en Irak. Une manifestation contre la guerre en Irak avait rassemblé des millions de Britanniques en 2003.
La honte, meilleure arme contre la Russie... ou contre Boris Johnson ?
La réaction de la Russie ne s'est pas faite attendre. Quelques minutes seulement après son intervention, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a adressé une réponse cinglante au ministre britannique sur sa page Facebook.
Faisant référence à une précédente pique de Boris Johnson contre Moscou, où il avait déclaré que la meilleure arme contre la Russie était la honte, Maria Zakharova a ironisé : «Il semblerait que Boris Johnson soit passé des mots à l'action, et qu'il a sorti sa super arme avec laquelle il a menacé la Russie - la honte. Pour le moment, nous avons en effet tous honte pour lui».
Surnommé par certains «le ministre des bourdes étrangères», Boris Johnson est en effet connu pour ses gaffes et déclarations à l'emporte-pièce. Il s'était ainsi distingué pour avoir qualifié Hillary Clinton «d'infirmière sadique d'un hôpital psychiatrique». Mais cette dernière n'est pas la seule à avoir fait les frais de sa verve provocatrice : Angela Merkel est ainsi selon lui la «servante d'Erdogan», et Erdogan tout simplement «un connard». Plus récemment, il avait aussi brillé pour avoir appelé l'Afrique un «pays».
Contexte tendu
Les relations entre Moscou et l'Occident sont au plus bas depuis le 20 septembre, suite à des mois de vaines tentatives pour négocier la création d'une force commune opérationnelle, qui aurait permis aux Etats-Unis et à la Russie d’œuvrer conjointement pour éliminer Daesh et les autres groupes terroristes actifs en Syrie.
Depuis, les Américains ont suspendu leurs relations bilatérales avec la Russie concernant la Syrie, tandis que les politiques occidentaux ont accusé Moscou de soutenir militairement les forces armées du président Bachar el-Assad dans leur effort de reprendre Alep des mains des rebelles.
Aussi bien Bachar el-Assad que Moscou insistent sur le fait que l'armée régulière syrienne se bat contre des terroristes, et que Washington n'est pas parvenu à identifier des rebelles modérés parmi les combattants engagés dans la bataille d'Alep.
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