Lors d'une intervention télévisée le dimanche 9 octobre, le chef du gouvernement éthiopien, Hailemariam Dessalegn, a déclaré l'état d'urgence en raison des «énormes» dommages matériels causés par les mouvements de contestation qui secouent actuellement le pays, a rapporté le journal britannique The Guardian, en collaboration avec les agences Associated Press et Reuters.
«Nous plaçons la sécurité de nos citoyens en premier. En outre, nous voulons mettre fin aux dégâts causés à nos projets d'infrastructures, à nos institutions scolaires, à nos centres de soins, à notre administration et à nos bâtiments de Justice», a expliqué le dirigeant éthiopien sur la chaîne publique Ethiopian Broadcasting Corporation, avant de préciser : «L'état d'urgence ne portera pas atteinte aux droits de l'Homme consacrés par la Constitution éthiopienne, et n'affectera pas les droits diplomatiques prévus par la Convention de Vienne.»
L'annonce survient après une semaine de violences anti-gouvernementales qui, selon le Guardian, ont causé la mort de nombreuses personnes ainsi que des destructions de biens dans toute l'Ethiopie et en particulier dans la région d'Oromia, autour de la capitale, Addis-Abeba. L'insurrection prend son origine dans des manifestations d'opposition à un plan de développement de la capitale, qui se sont par la suite muées en mouvement de contestation générale du gouvernement, accusé notamment d'abus en matière de respect des droits de l'Homme et de corruption.
D'après des groupes de défense des libertés individuelles cités par le quotidien britannique, plus de 500 Ethiopiens seraient déjà morts dans des manifestations contre le gouvernement dans la région d'Oromia depuis l'an dernier. Dans la seule journée du 2 octobre, par exemple, 50 personnes auraient perdu la vie dans un mouvement de foule provoqué par les tirs des forces de l'ordre, qui cherchaient à disperser une manifestation dans la ville de Bishoftu.
Lire aussi : Ethiopie : les Amhara manifestent en masse contre le gouvernement