Dans une interview accordée au New York Magazine, dimanche 2 octobre, Barack Obama s'est dit inquiet de voir l'un de ses successeurs être en mesure de «mener des guerres perpétuelles aux quatre coins du monde, et la plupart d'entre elles tenues secrètes, sans avoir à en porter la responsabilité ni à affronter de débat démocratique». Une situation troublante, pour le président des Etats-Unis en fin de mandat, qui pourrait survenir si le Congrès venait à se désintéresser des attaques de drones conduites par le gouvernement à l'étranger, et ne tentait plus de fixer des garde-fous à celles-ci.
«Je le pense sincèrement : je suis heureux que la gauche ait fait pression sur ce sujet [durant mes deux mandats]», a confié le chef d'Etat, qui a affirmé avoir toujours souhaité ne pas atteindre le moment où «tuer ne parvenait plus à mettre mal à l'aise».
Je n'ai jamais prétendu que j'étais un pacifiste
Pour autant, le dirigeant démocrate a affirmé que les drones militaires, lorsqu'ils étaient utilisés de manière limitée, étaient préférables à toute autre méthode pour éliminer des ennemis à l'étranger, car provoquant moins de dégâts collatéraux. «Les gens, je pense, ne réalisent pas toujours à quel point le taux de pertes civiles [...] est significativement plus bas avec ces frappes précises qu'avec des moyens militaires conventionnels», a assuré le président.
Fortement critiqué à l'étranger et par une frange de la gauche américaine pour l'emploi de drones afin d'exécuter des individus présentés comme terroristes au-delà des frontières des Etats-Unis, Barack Obama s'est défendu d'avoir jamais caché ses intentions : «Voilà une chose qui m'a toujours surpris : le refus des gens de me prendre au mot [...] Je n'ai jamais prétendu que j'étais un pacifiste», a affirmé sans détour au magazine américain le prix Nobel de la paix 2009.
Plus de 4 000 victimes de drones américains ?
En juillet dernier, plusieurs médias, citant des responsables américains, avaient évalué à 100 le nombre total de civils tués par des frappes de drones appartenant aux Etats-Unis – un chiffre qui ne tenait toutefois pas compte des victimes se trouvant dans les pays où l'armée américaine est engagée, tels que la Libye, le Pakistan, la Somalie et le Yémen.
D'autres sources ont avancé un nombre considérablement plus important de défunts : l’organisation des droits de l’Homme Reprieve a ainsi estimé à plus de 4 000 le nombre de personnes tuées par des drones américains, tandis que le Bureau du journalisme d’investigation a rapporté que plus d’un millier de personnes avaient été tuées au Pakistan, en Somalie et au Yémen.