Avions de combat bombardant l’hôpital, patients, docteurs et infirmiers en panique, installations médicales en flammes : les résidents de Genève ont pu voir de leurs propres yeux les atrocités qui se sont déroulées il y a exactement un an, le 3 octobre 2015, lors du bombardement de l’hôpital de Médecins sans frontières (MSF) à Kunduz, en Afghanistan. Usant de projections sur les murs de l’Hôpital cantonal de Genève dans la nuit du 3 au 4 octobre, cet action intitulée #NotATarget (pas une cible) a été organisée par MSF en commémoration de l’attaque sur l’hôpital qui a causé la mort de 42 personnes, dont 14 employés de l’ONG.
«Nous nous sommes rassemblés pour exprimer notre tristesse et consternation mais aussi notre indignation. Le 3 octobre reste un jour de deuil», a déclaré Joanne Liu, présidente internationale de MSF, devant la foule qui s’est rassemblée devant l’Hôpital de Genève. Elle a rappelé que les frappes américaines contre MSF ne s'étaient pas limitées à celle de Kunduz. «Au cours des derniers 12 mois, l’ampleur de la destruction des hôpitaux et des cliniques au Yémen et en Syrie nous laisse sans mots», a déploré la haute responsable.
Une femme médecin australienne de MSF, Kathleen Thomas, qui a survécu à l’attaque sur Kunduz a témoigné de l’horreur qui régnait dans l’hôpital. «Nous courions dans la pièce comme des rats dans une cage. Des patients brûlaient dans leurs lits», rapporte ses mots Reuters. «Ce n’est pas une erreur qui s’est produite dans le brouillard de la guerre. C’est une tactique de guerre», estime-t-elle.
L’aviation américaine a bombardé l’hôpital traumatologique de Kunduz, l’ayant pris pour une cache des Talibans. Malgré les signaux que les médecins leur avaient envoyés, le bombardement a duré près d’une heure et fait au moins 42 morts, dont trois enfants et 43 blessés parmi le personnel, les patients et leurs familles.
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Les Etats-Unis, qui insistent sur le côté accidentel de cette frappe contre l’hôpital de Kunduz, ont refusé de la qualifier de crime de guerre. Aucun militaire américain n'a été tenu responsable de cette attaque et personne n’a fait face à la moindre mesure disciplinaire.