Un groupe de lobbyistes irakiens baptisé Arab Project «demande compensation aux Etats-Unis pour les exactions commises par les troupes américaines à la suite de l'invasion ayant conduit au renversement du président Saddam Hussein en 2003», a rapporté la chaîne d'information saoudienne Al-Arabiya, samedi 1er octobre. Pour ce faire, le groupe de pression a demandé au Parlement irakien de préparer une loi qui permettrait aux victimes de l'intervention militaire américaine d'engager des poursuites judiciaires contre Washington.
Il a également appelé à une enquête complète sur les assassinats de citoyens irakiens, les cas de torture ou encore les disparitions de biens dus à la présence des militaires américains dans le pays.
L'agence de presse Associated Press a dénombré plus de 110 000 morts violentes causées par les militaires américains en Irak entre mars 2003 et avril 2009. Une enquête menée par l'agence ORB International, toutefois, a évalué à plus d'un million le nombre de personnes décédées des conséquences de l'intervention dans le pays, entre 2003 et 2007. En outre, en 2010, Wikileaks avait révélé près de 400 000 documents secrets de l'armée américaine sur la guerre en Irak, qui attestaient «de nombreux cas de crimes de guerre [...] de la part des forces américaines, comme le meurtre délibéré de personnes qui tentaient de se rendre».
En janvier dernier, quelque 3 600 militaires américains se trouvaient encore en Irak afin, essentiellement, de fournir une assistance aux militaires irakiens.
Une loi faisant écho à un texte américain sur les victimes du 11 septembre
La mesure proposée par le groupe Arab Project s'inspire directement d'une loi récemment votée par... les parlementaires américains ! Le 28 septembre, en effet, les deux chambres du Congrès des Etats-Unis ont voté contre le veto que le président Barack Obama avait opposé à une loi (le JASTA, «Justice Against Sponsors of Terrorism Act») autorisant les citoyens américains à poursuivre des pays étrangers pour des actions ayant conduit à la mort d'Américains sur le territoire des Etats-Unis. En introduisant une exception au principe d'immunité de juridiction des Etats, cette loi est censée permettre aux familles victimes des attentats du 11 septembre 2001, notamment, d'attaquer en justice l'Arabie saoudite pour dommages et intérêts.
Riyad s'est aussitôt indigné de ce vote, par la voix d'un porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, qui a appelé le Congrès américain à «prendre les mesures nécessaires pour parer aux conséquences désastreuses et dangereuses» que cette loi représenterait pour les relations entre les deux pays.
Alors que 15 des 19 terroristes ayant détourné quatre avions le 11 septembre 2001 étaient de nationalité saoudienne, la monarchie du Golfe a toujours nié leur avoir apporté de l'aide, de quelque façon que ce soit. En outre, la commission d'enquête parlementaire américaine sur les attentats n'a trouvé aucune preuve d'implication des autorités saoudiennes dans ces derniers.
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