Il y a un an jour pour jour, le 30 septembre 2015, les avions russes procédaient à leurs premières frappes contre les cibles terroristes en Syrie, des positions de Daesh près des villes de Homs et de Hama. La coalition occidentale dirigée par les Etats-Unis opérait, elle, dans le ciel syrien depuis une année sans disposer d'un accord avec Damais pour y mener une opération militaire.
Grâce au soutien aérien de la Russie, les forces de l'armée syrienne sont parvenues à libérer 400 localités et à reprendre plus de 10 000 kilomètres carrés au contrôle des terroristes.
Libération de Palmyre
La reconquête de la cité antique de Palmyre, trésor archéologique de la Syrie, a été un grand défi et un immense succès pour Damas.
En 20 jours, du 7 au 27 mars 2016, l’armée de l’air russe a soutenu les unités du gouvernement syrien près de Palmyre, en effectuant près de 500 sorties et plus de 2 000 frappes aériennes contre les terroristes de Daesh, en tuant au moins une centaine.
Le contrôle de la ville a nécessité celui d’un nombre important de routes, reliant les parties nord et sud du pays pour empêcher Daesh de transporter des armes et des combattants. La reprise du contrôle de ces axes par les forces gouvernementales syriennes a également perturbé les trafics d'antiquités [beaucoup de pièces ont été revendues au prix fort au marché noir], de pétrole et d'autres encore, affaiblissant les revenus de l'organisation djihadiste. Moins d'argent, donc moins d'armes et des salaires plus faibles pour les combattants.
Fin mars, des dizaines de djihadistes ont fui la ville en détruisant tout sur leur chemin, notamment les magnifiques temples de Bêl et Baalshamin, l’Arc de triomphe et quelques tours funéraires, ainsi que le Lion d’al-Lât. La citadelle du XIIIe siècle a été aussi gravement endommagée. Selon les estimations du chef des Antiquités et des Musées de Syrie, Maamoun Abdelkarim, il faudra cinq ans pour réhabiliter les monuments détruits ou endommagés dans la cité antique de Palmyre.
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Crash du SU-24
Le 24 novembre 2015, un bombardier SU-24 russe a été touché par un missile air-air tiré par un F-16 turc alors que l’appareil russe se trouvait dans l'espace aérien syrien. Gravement endommagé, l’avion russe s’est écrasé dans une région montagneuse, où se trouvaient des groupes terroristes. Le pilote à été tué à l'arme automatique alors qu'il avait pu s'éjecter et déployer son parachute. Le navigateur à lui pu retomber au sol vivant et être évacué vers la base aérienne de Khmeimim.
Les militaires turcs n’ont pas cherché à se défausser de leur responsabilité, accusant la Russie d’avoir violé leur espace aérien. Certes, mais les enregistreurs de vol de l'appareil russe montrent que le chasseur turc qui l'a abattu avait franchi la frontière syrienne au moment de l'abattre. L'une des explications avancées pour expliquer pourquoi cet avion russe a été abattu, c'est la nécessité de sécuriser les livraisons de pétrole de Daesh à destination des ports turcs.
Le crash du bombardier russe a entraîné un grave refroidissement des relations russo-turques. Pendant plus de sept mois, la Russie a imposé des sanctions économiques contre Ankara, qualifiant la destruction par la Turquie de l'un de ses appareils de «coup dans le dos». Les vols commerciaux entre les deux pays ont été suspendus. Après de longs mois de relations inexistantes, le 27 juin 2016, le président turc a envoyé une lettre à son homologue russe, lui présentant ses excuses pour avoir abattu le SU-24 et précisant qu'une enquête criminelle avait été ouverte contre la personne qui avait tué le pilote russe. Un mois plus tard, les deux pays s'attelaient au rétablissement de leurs relations.
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Réduction de la présence militaire russe en Syrie
Le 14 mars, après cinq mois et demi de campagne, le président russe,Vladimir Poutine, a ordonné le début du retrait de «la majeure partie» des forces russes présentes en Syrie, estimant que les objectifs fixés au ministère de laDéfense avaient «de manière générale» été atteints.
Poutine ordonne le début du retrait des forces russes de Syrie car «les objectifs ont été atteints»
Selon Moscou, les chefs d’Etat russe et syrien ont reconnu que les actions des forces aériennes russes en Syrie avaient permis de «renverser profondément la situation» concernant la lutte contre les terroristes dans la région, de «désorganiser l’infrastructure des combattants et d’infliger des dommages fondamentaux».
Lors de ces cinq mois, les avions russes ont exécuté plus de 7 000 sorties, détruisant de nombreuses bases et entrepôts de djihadistes. Selon les estimations, au moins 13 000 terroristes auraient été tués lors de ces frappes en Syrie.
Toutefois, Moscou a décidé que ses bases dans le pays resteraient opérationnelles pour pouvoir conseiller et assister l’armée syrienne dans sa lutte contre Daesh. Dans les faits, il s'agit de la base aérienne de Khmeimim près de Lattaquié et de la base navale de Tartous, seul accès direct de la Russie à la mer Méditerrannée.
Assistance humanitaire
Dès le début de l’opération russe en Syrie, Moscou n'a cessé de livrer régulièrement aux Syriens de l'aide humanitaire, notamment des biens de première nécessité, ainsi que des médicaments. Selon les estimations, les Syriens ont déjà reçu plus de 10 tonnes d'aide humanitaire.
Le 28 juillet, a été créé le Centre russe pour la réconciliation des parties belligérantes en Syrie afin de pouvoir ouvrir quatrecouloirs humanitaires pour les civils à Alep.
Processus de paix
Lors des combats contre les djihadistes en Syrie, la Russie et les Etats-Unis ont beaucoup discuté de la possibilité de trouver un moyen politique, et non pas militaire, de résoudre ce conflit. Le 27 février dernier, un permier accord de cessez-le-feu en Syrie, négocié par Moscou et Washington, était entré en vigueur.
Selon les termes de cet accord, les hostilités auraient dû se poursuivre contre les seuls groupes liés à Daesh et au Front al-Nosra, rebaptisé depuis Front Fatah el-Cham, ainsi qu'à l'encontre d'autres organisations terroristes, définies comme telles par le Conseil de sécurité des Nations unies.
Moscou et Washington ne sont toutefois pas parvenus à se mettre d'accord sur les groupes constituant l'opposition syrienne dite «modérée» et les djihadistes. Malgré de nombreuses demandes russes, Washington a refusé de faire une distinction entre les membres du Front Al-Nosra et «l’opposition modérée» soutenue par les Etats-Unis.
Après une année de négociations, Moscou et Washington qui avaient chacun leur propres centres pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie – qui permettaient de surveiller la mise en application de l'accord conclu à Genève et d'aider les belligérants à respecter la trêve – sont presque parvenus à fonder un centre unifié pour la lutte contre Daesh. Mais la trêve entrée en vigeur le 12 septemblre, très fragile, n'a duré que sept jours, une durée insuffsante pour que les Etats-Unis et la Russie procèdent à des frappes militaires conjointes.
A l'heure actuelle, les Etats-Unis ne cessent d’accuser la Russie de soutenir Bachar el-Assad alors qu'il s'en prend à l'opposition que Washington qualifie de «modérée» sans étayer ces accusations par des preuves. Ils menacent en outre de refuser de coopérer avec elle en Syrie. Du côté russe, le ministère des Affaires étrangères précise qu’aucun changement n'a été constaté sur le terrain, si ce n'est que de nombreux groupes rebelles considérés comme «modérés» par Washington sont venu grossir les rangs du Front Al-Nosra.
«Le plus beau cadeau fait aux terroristes sera le refus de Washington de coopérer avec la Russie sur la question syrienne. Mais si les menaces de Washington concernant l'arrêt de sa coopération avec Moscou en Syrie se concrétisent, il n’y aura plus de doutes : la Maison Blanche aura pris les terroristes sous son aile et dans la rue, pour les terroristes, ce sera la fête», a posté Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe, sur sa page Facebook le 29 septembre.