«Ils [les combattants du Front al-Nosra] sont armés de chars, de véhicules blindés, d’artillerie, de nombreux lance-roquettes, des dizaines et des dizaines d'unités, y compris des armes lourdes… Bien sûr, ils n’ont pas pu fabriquer ces équipements eux-mêmes. Tous cela a été fourni par de généreux soutiens occidentaux, au moment où, je suppose, les Etats-Unis ferment les yeux», a déclaré Vitali Tchourkine.
Selon l’ambassadeur russe à l’ONU, les combattants du Front al-Nosra que la Russie qualifie toujours d’organisation terroriste, se servent de la population civile d'Alep comme d'un bouclier humain en attaquant des quartiers résidentiels de la ville contrôlés par le gouvernement syrien. «Plus de 200 000 habitants d’Alep se trouvent être les otages du Front al-Nosra et des groupes qui lui sont liés», a-t-il révélé.
La présence de terroristes est la raison principale de l'échec des tentatives de fourniture d’aide humanitaire à Alep, d’après Vitali Tchourkine, en se référant au convoi humanitaire attaqué près d’Alep le 20 septembre. Les Etats-Unis accusent la Russie et la Syrie du bombardement de ce convoi, lorsque Moscou affirme qu’un drone russe a repéré des djihadistes aux alentours des camions.
Le cessez-le-feu en Syrie peut être sauvé seulement si toutes les parties y contribuent, a souligné Vitali Tchourkine. «Nous devons voir les preuves qu’il y a une réelle volonté de séparer les groupes rebelles alliés des Etats-Unis et le Front al-Nosra, puis détruire le Front al-Nosra et intégrer l’opposition dans un processus politique», a-t-il fait savoir. Dans le cas contraire, la Russie a des raisons de soupçonner l’Occident de couvrir le Front al-Nosra, toujours selon l’ambassadeur russe.
La réunion du Conseil de sécurité de l’ONU a été convoquée par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France pour discuter des violences en Syrie après que le cessez-le-feu négocié par la Russie et les Etats-Unis a expiré le 18 septembre. Les trois pays ont accusé la Russie et la Syrie d’avoir infligé de nombreux morts parmi la population civile à Alep, mais n’ont pas mentionné le rôle des rebelles qui s’opposent à Damas et contrôlent de grandes parties de la ville.
Le «rebranding» du Front al-Nosra ne le rend pas non-terroriste pour autant
Le Front al-Nosra est le groupe le plus puissant qui lutte contre le gouvernement syrien à Alep avec ses 2 000 combattants qui se terrent dans la ville. En juillet dernier, il a rompu ses liens organisationnels avec Al-Qaïda afin de poursuivre son combat en Syrie pour que la Russie et les Etats-Unis ne le prennent plus pour cible. Le groupe porte désormais le nom «Front Fateh al-Cham». La Russie n’a vu qu'une opération de «rebranding» dans ce changement de nom et estime que cela ne changera rien dans la lutte contre les terroristes. «Peu importe comment ils s'autoproclament, Al-Nosra est et restera une organisation terroriste», a martelé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
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La séparation entre les groupes rebelles modérés (qui sont soutenus et financés par l’Occident) et les terroristes est la pierre d’achoppement entre la Russie et les Etats-Unis, qui discutent de cette question depuis des mois avec l'objectif de conclure un cessez-le-feu.