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Turquie : Erdogan furieux face à la livraison d'armes aux Kurdes syriens par Washington

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé les Etats-Unis d'avoir livré des armes à un groupe armé kurde syrien considéré comme «terroriste» par Ankara.

«Il y a encore trois jours, deux avions remplis d'armes ont été envoyés à Kobané [en Syrie] au PYD et au YPG», a déclaré le président turc jeudi 22 septembre au cours d'un dîner de gala organisé à New York, dans des propos rapportés par l'agence pro-gouvernementale Anadolu.

Le dirigeant turc a déclaré s'être entretenu de cette question avec le vice-président américain Joe Biden sans «réussir à [lui] faire entendre raison».

Il a estimé que Washington devait classer le PYD et le YPG comme des groupes terroristes même s'ils se battent contre les jihadistes de l'organisation Etat islamique. Il a cité comme exemple le Front al-Nosra (qui a récemment changé de nom pour devenir le Front Fateh al-Cham), considéré comme terroriste par Washington bien qu'il soit lui aussi hostile à l'EI.

De leur côté, les Etats-Unis ont affirmé jeudi soir n'avoir jusqu'à présent fourni des armes qu'à la composante arabe des FDS (Forces démocratiques syriennes), coalition arabo-kurde qui a repris récemment à l'EI la ville stratégique de Minbej. 

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Mais les Américains ont en même temps annoncé qu'ils envisagaient désormais d'en fournir aussi à la composante kurde de cette force, les YPG, si celle-ci devait participer à une éventuelle offensive contre Raqqa, bastion de l'EI en Syrie.

Lors d'une audition de la commission des Forces armées du Sénat américain, le général Joseph Dunford a déclaré que Washington travaillait «très étroitement avec les alliés turcs [...] pour être sûrs [qu'ils peuvent] conduire des opérations efficaces et décisives à Raqqa avec les FDS, et en même temps dissiper les craintes turques sur l'évolution à long terme des Kurdes syriens».

Pour la Turquie, le YPG, branche armée du parti kurde syrien PYD, est le prolongement du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré par Ankara comme une «organisation terroriste». Alors que le PKK milite pour l'indépendance de la partie kurde du pays, la Turquie a lancé en 2016 une opération militaire contre ces combattants, qui a fait de nombreuses victimes civiles parmi la population kurde.

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