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21 morts dans la destruction d’un convoi humanitaire près d’Alep

La destruction d’un convoi humanitaire à l'est d’Alep a causé la mort de 21 membres du Croissant-Rouge syrien. Selon le ministère de la Défense russe, le convoi n’a pas été touché par une frappe, mais quelqu’un aurait mis le feu à la cargaison.

Un convoi humanitaire de 31 camions de l’ONU et du Croissant-Rouge a été bombardé dans ce qui pourrait être cinq frappes aériennes alors que des livraisons étaient en train d’être effectuées dans la ville d’Urem al-Kubra, à l'est d'Alep, en Syrie. Au moins 18 véhicules auraient été touchés, selon l’ONU.

Le convoi transportait de l'aide humanitaire à destination d'environ 78 000 civils. Aucune des parties impliquées dans le conflit n’a revendiqué l’attaque.

«Environ vingt civils et un membre du personnel du Croissant-Rouge syrien ont été tués, alors qu'ils déchargeaient une aide humanitaire vitale des camions. Une grande partie de l'aide a été détruite», a expliqué la FICR dans un communiqué. L'entrepôt du Croissant-Rouge syrien à Orum al-Koubra a également été touché par cette attaque. Le Croissant-Rouge syrien a suspendu toutes ses activités dans la province d'Alep pour trois jours en signe de protestation contre cette attaque.

Aucune frappe aérienne, selon Moscou

Le convoi humanitaire n’a pas été touché par une frappe aérienne, a annoncé le ministère russe de la Défense. Pour avancer de telles conclusions, il s’est basé sur l’étude des vidéos tournées par les militants de l’ONG Casques blancs. Selon les militaires russes, tous les dommages causés aux véhicules du convoi ont été provoqués par «l’incendie de la cargaison» qui s’est déclaré au moment de l’offensive à grande échelle des terroristes sur Alep.

Seuls les «représentants de l’organisation Casques blancs, proches du Front Al-Nosra, qui se sont comme d’habitude retrouvés par hasard sur place avec des caméras» sont en mesure de dire qui est à l’origine de cet incendie et quel en est le but, estime le ministère russe de la Défense.

Le centre russe pour la réconciliation a utilisé des drones pour suivre le convoi parce que la route passait pas des lieux contrôlés par les rebelles, mais seulement jusqu’à un point déterminé. Au-delà de cet endroit, «la partie russe n’a pas surveillé le convoi et seuls les combattants qui contrôlent la région étaient au courant de ses mouvements», précise la Défense russe

L'armée syrienne a démenti que son aviation ait visé le convoi humanitaire, a indiqué l'agence officielle Sana. «Il n'existe aucune vérité dans les informations de presse selon lesquelles l'armée syrienne a pris pour cible un convoi d'aide humanitaire dans la province d'Alep», affirme une source militaire citée par l'agence.

Attaque condamnée par l'ONU et la France

Stephen O'Brien, en charge des opérations humanitaires de l'ONU, a qualifié la frappe d'«attaque impitoyable» qui ne peut être expliquée ou excusée, le convoi ayant été «clairement identifié comme humanitaire» et cette information ayant été diffusée «à toutes les parties du conflit». Le haut responsable de l’ONU a appelé à ouvrir une enquête «immédiate, impartiale et indépendante».

L'organisation a également annoncé, le lendemain de l'attaque, une suspension de tous ses convois humanitaires en Syrie.

L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a lui aussi fortement condamné l’attaque de ce convoi qui devait «aider des civils isolés». «Notre indignation face à cette attaque est énorme», écrit-il dans son communiqué.

La France a également condamné l'attaque. «C'est une destruction qui illustre l'urgence d'un cessez-le-feu», a déclaré le porte-parole du ministère française des Affaires étrangères, Romain Nadal.

Aucun coupable avéré, mais les USA ciblent la Russie

Dans un communiqué publié par le département d’Etat, le porte-parole John Kirby a pu déclarer que les Etats-Unis étaient «indignés» par cette attaque, s’abstenant d’accuser tout pays en particulier, mais ajoutant que «le régime syrien et la Fédération de Russie connaissaient la destination de ce convoi et [que] ces travailleurs humanitaires [avaient] été tués dans leur tentative de soulager le peuple syrien».

«Les Etats-Unis soulèveront cette question directement avec la Russie. Compte tenu de la violation flagrante du cessez-le-feu, nous réévaluerons les perspectives de la coopération avec la Russie», a indiqué John Kirby.

Cette attaque intervient alors que le Front al-Nosra avance sur les positions de l’armée syrienne dans le sud-est d’Alep et dans des quartiers résidentiels à grand renfort de chars, missiles et mortiers.

Un peu plus tôt, le gouvernement syrien avait annoncé la fin du cessez-le-feu conclu par la Russie et les Etats-Unis en septembre en raison de violations permanentes de cet accord par les rebelles. Face à cette nouvelle attaque, Moscou et Washington entendent convoquer une réunion urgente pour discuter des conséquences de cet incident sur le processus de rétablissement de la paix en Syrie.