Pour la première fois dans l'histoire de l’ONU, une esclave sexuelle devient ambassadrice. Le 15 septembre, l'institution onusienne a désigné Nadia Murad Basee Taha au poste d’ambassadrice de bonne volonté de l'ONU pour la dignité des victimes du trafic d'êtres humains.
«Ma grande crainte est que, une fois Daesh vaincu, les militants, les terroristes de Daesh ne rasent leur barbe et ne se fondent dans la foule comme si rien ne s'était passé. On ne peut pas laisser faire ça», a-t-elle fait savoir juste après sa nomination, en précisant qu’en tant qu'ambassadrice, elle s'efforcerait de faire connaître le sort des victimes du trafic d'êtres humains, en particulier les réfugiés, les femmes et les filles.
«J'ai honte, en tant qu'être humain, de constater que leurs appels à l'aide ne sont pas entendus», a-t-elle conclu.
Ces paroles ont «tiré les larmes des yeux» du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui s’est déclaré enchanté par «la force, le courage et la dignité» de Nadia Murad Basee Taha.
L’histoire de cette jeune Irakienne n’est pas simple. En août 2015, les terroristes de Daesh l’ont kidnappée et emmenée en bus vers Mossoul avec 150 autres familles yézidies. Pendant trois mois, elle a été violée.
«Le viol était utilisé pour détruire les femmes et les filles, et être certain que ces femmes n’allaient pas pouvoir avoir une vie normale par la suite. […] La première nuit, on m’a battue. On m’a demandé d’enlever mes vêtements. On m’a mis dans une chambre avec des gardes et ensuite, ils ont procédé à leur crime jusqu’à ce que je m’évanouisse», avait-t-elle raconté en 2015.
Après trois mois de tortures et d’horreurs, Nadia Murad Basee Taha a réussi à s'enfuir et vit désormais en Allemagne, après avoir traversé l’Europe. Malheureusement, plusieurs de ses frères restés au pays ont déjà été tués par des militants de Daesh.
La communauté yézidie est une minorité religieuse dont les croyances combinent des éléments de plusieurs religions ancestrales du Moyen-Orient. Les terroristes de Daesh les considèrent comme des adorateurs du diable et se comportent avec eux de manière extrêmement cruelle.
Selon des experts de l'ONU, pour le moment, près de 3 200 Yézidies se trouvent entre les mains de Daesh. Si les filles deviennent leurs esclaves sexuelles, la plupart des garçons sont endoctrinés et envoyés au combat pour y périr.
En 2015, les femmes yézidies ont formé leur propre bataillon féminin spécialisé dans la lutte contre Daesh. Ces jeunes filles, âgées de 17 à 30 ans, font littéralement trembler de crainte les combattants terroristes depuis des années car les djihadistes pensent qu’ils seraient privés des joies du paradis et de ses 72 vierges censées les attendre s’ils sont tués par une femme.
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