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Edward Snowden, lanceur d’alerte ou criminel ? Les législateurs américains veulent son exil à vie

Le comité permanent de la Chambre des représentants sur le renseignement a envoyé une lettre au président sortant des Etats-Unis, lui demandant de faire tout son possible pour qu’Edward Snowden passe toute sa vie en exil.

«Edward Snowden a causé plus de dommages à la sécurité nationale qu'aucun autre individu dans notre histoire», lit-on dans une lettre envoyée à Barack Obama par le Comité permanent de la Chambre des représentants sur le renseignement. Ce document rappelle bien sûr la révélation de plus de 1,5 million de documents de la NSA en 2013, dans le cadre d’une fuite qui avait démontré l’existence d’un système américain de surveillance mondiale des communications et d'internet.

Selon les auteurs de la lettre, Edward Snowden n’est «pas un patriote»,  «pas un lanceur d’alerte», mais un «criminel» car «il n’y a aucune preuve qu’il ait fait le moindre effort pour officiellement [dans le cadre de son travail] exprimer ses préoccupations quant aux activités de la NSA».

«Ca n'est pas un héros, c'est un traître qui a sciemment trahi ses collègues et son pays et qui a mis en danger les Américains», concluent-ils dans ce document.

Cette lettre voit le jour après la rédaction, par le Congrès, des conclusions d’une enquête longue de deux ans. Désormais, selon la Constitution américaine, le président des Etats-Unis pourrait théoriqument le grâcier mais il y a ici une faille juridique : le droit de grâce ne s'applique en effet qu'aux condamnations rendues par la justice fédérale. Dans le cas d’Edward Snowden, il n’y a pas de sentence à effacer car il n'a pas été condamné aux Etats-Unis. Pour l’heure, il est poursuivi pour espionnage et encourt 30 ans de prison.

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Néanmoins, les Etats-Unis disposent d’un précédent dans leur histoire : en 1868, le président Andrew Johnson avait décidé d’une amnistie absolue pour quiconque ayant participé à la Guerre civile dans le camp des Confédérés, même si aucune condamnation n’avait été prononcée contre qui que ce soit. Les organisations de défense des droits de l'homme comme Amnesty International, l'American Civil Liberties Union (ACLU) et Human Rights Watch (HRW), et le lanceur d’alerte lui-même, ont demandé au président américain de lui pardonner ses agissements.

«J’aime mon pays, j’aime ma famille et je leur ai consacré ma vie. […] Je pense que lorsque les gens observent les bénéfices [qui découlent de cette affaire], il est clair que, depuis 2013, les lois de notre pays ont changé. Le Congrès, les tribunaux et le président, tout le monde a changé sa politique après ces révélations», a pu affirmer Edward Snowden.

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Les débats concernant une potentielle grâce d’Edward Snowden ont coïncidé avec le tournage du film d'Oliver Stone sur la vie du lanceur d’alerte, qui sort le 16 septembre aux Etats-Unis, un jour après la première mondiale. Le lanceur d’alerte n’a pas manqué d’ironiser à ce sujet sur son fil Twitter : «Le Congrès a passé deux ans à élaborer un rapport pour vous décourager d'aller voir ce film.»